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Les idées de Mao Zedong et l’enseignement du mode de pensée

Contribution de Stefan Engel au séminaire international « centenaire de Mao Zedong » du 6-7 novembre 1993 à Gelsenkirchen. Contribution à la théorie et à la pratique de la révolution internationale.

La meilleure façon de rendre hommage à un révolutionnaire, c’est de poursuivre systématiquement l’œuvre de sa vie.

Dans le mouvement révolutionnaire international aujourd’hui, nous sommes confrontés à deux méthodes principales qui dénigrent l’importance de Mao Zedong.
L’une est de limiter l’importance de la période créatrice d’idées de Mao à la période de la révolution nationale démocratique en Chine, ou au plus, au début de la construction socialiste et de nier ainsi l’universalité de ses idées. Cette méthode est utilisée principalement par l’actuelle direction révisionniste de la République Populaire de Chine rassemblée autour de Deng Xiao Ping et ses soutiens. Leur seul but est de tromper les masses ; ainsi ils évitent de rentrer en contradiction ouverte avec Mao Zedong, même quand ils détruisent l’œuvre de sa vie en restaurant le capitalisme et en vendant la République Populaire.
L’autre méthode est d’appliquer de façon mécanique et dogmatique la stratégie et les tactiques concrètes de la révolution chinoise, ses moyens et méthodes concrètes et ses formes concrètes à n’importe quel pays sans se soucier des spécificités sociales géographiques et historiques. Les « gauchistes » utilisent plutôt cette méthode. Par une phraséologie ultragauche sectaire et aventuriste, ils nuisent encore plus à la notoriété de Mao Zedong que les révisionnistes. Et comme les révisionnistes, eux aussi ils ne peuvent pas comprendre l’universalité de la pensée Mao Zedong car la réalité ne peut être découverte que dans les particularités spécifiques des conditions sociales.
Pour le centième anniversaire de la mort de Mao Zedong donc, la tâche la plus urgente des Marxistes-Léninistes est de défendre la pensée Mao Zedong contre à la fois les déformations révisionnistes et gauchistes – de critiquer et d’auto critiquer les idées universellement valables de Mao Zedong et de les appliquer de façon créative à la pratique concrète de la lutte de classe. *Ces moyens amènent notre manière de penser, de ressentir et d’agir en accord avec la réalité objective du développement.
Mao Zedong lui-même nous a montré la seule méthode fiable pour comprendre la validité universelle de ses idées révolutionnaires :

« Quand nous observons une chose, nous devons examiner son essence et traiter son apparence simplement comme un guide devant un seuil, nous devons saisir l’essence du phénomène ; c’est la seule méthode fiable et scientifique pour analyser. » (Œuvres choisies de Mao Zedong, T I, p. 119)

Pour être capable de tirer le meilleur parti de la pensée de Mao Zedong dans l’intérêt du mouvement marxiste-léniniste international et du mouvement de la classe ouvrière aujourd’hui et dans le futur, il faut comprendre l’essence de sa pensée.

Mao Zedong et la lutte idéologique du point de vue de la conception prolétarienne du monde

Le trait caractéristique, le fil central, marquant tous les écrits et déclarations de Mao Zedong est son inlassable combat idéologique contre toutes les opinions et théories non marxistes. Le point de vue de base de Mao est que les idées justes ne peuvent prévaloir que par la lutte idéologique.

« Nous sommes pour une lutte idéologique active parce que c’est l’arme pour assurer l’unité au sein du parti et des organisations révolutionnaires dans l’intérêt de notre combat. Tout communiste et révolutionnaire devrait s’emparer de cette arme. » (Œuvres choisies de Mao Zedong, T II, p. 31)

La conception bourgeoise du monde est naturellement plus développée dans une société bourgeoise, elle surgit spontanément dans la classe ouvrière et les masses prolétariennes plus qu’ailleurs. La lutte idéologique est la méthode fondamentale de Mao Zedong pour imposer la conception du monde prolétarien sur toutes les questions de stratégie et de tactique, d’analyse concrète de la réalité objective et du débat au sein du parti.
Un article de Hongqi (Drapeau Rouge) 5 (1964), cité dans l’édition allemande de Pékin Information (22/07/1964), explique :

« Le problème clé d’un bon travail idéologique est de s’assurer que la pensée des fonctionnaires restent toujours révolutionnaire ; en d’autres mots que le niveau marxiste-léniniste des cadres s’élève. C’est important car la propagation des idées révolutionnaires parmi les masses et le renforcement de l’orientation idéologique doit être prise en charge par les cadres. L’incessante transformation révolutionnaire de la pensée des cadres et l’amélioration systématique du style de travail de direction et de la conduite des affaires sont les conditions sine qua non pour la transformation révolutionnaire incessante des masses. » [Notre traduction]

Les trois composantes du Marxisme, comme nous le savons, consistent dans l’économie politique avec comme pierre angulaire la théorie de la plus-value, dans la stratégie et les tactiques prolétariennes comme la théorie de la lutte de classe ; et la conception du monde prolétarien de la dialectique et du matérialisme historique.
Ces trois composantes forment une unité dialectique dans laquelle un aspect ou un autre est mis en évidence successivement. Négliger ou ignorer l’un de ces aspects fondamentaux se solde par l’incapacité à saisir l’essence complexe du marxisme-léninisme, encore moins à l’appliquer de façon créative dans la lutte de classe.
Tandis que le vieux mouvement communiste d’avant 1956 avait développé une tendance à négliger la lutte idéologique dans les perspectives du prolétariat mondial, Mao Zedong a aidé à ramener la conception prolétarienne du monde fermement à sa place dans la théorie et la pratique du prolétariat révolutionnaire. Il a pris à Lénine la conception du rôle crucial que joue la lutte idéologique dans certaines conditions historiques. Sur l’importance de l’éducation et de la culture politique, Lénine a dit :

« Nous vivons dans une période historique de lutte contre le monde bourgeois, qui est beaucoup plus fort que nous. A cette étape de la lutte, nous avons à sauvegarder le développement de la révolution et combattre la bourgeoisie militairement *et plus encore, par les moyens idéologiques à travers l’éducation, de sorte que les habitudes, les usages, et les convictions acquis par la classe ouvrière au cours de nombreuses années de lutte pour la liberté politique – la somme totale de ces habitudes, usages et idées – devront servir d’instrument pour l’éducation de toutes les masses laborieuses. » [Souligné par l’auteur] (Œuvres choisies en Trois Volumes III, p. 428)

Staline reconnaissait l'importance de la lutte idéologique dans la théorie, mais en pratique il négligeait la lutte contre les porteurs du mode de pensée de la petite bourgeoisie dans la société socialiste, l'appareil d’État et le parti : la première erreur principale du PCUS sous la direction de Staline. L'échec à mobiliser les larges masses du peuple contre les représentants dégénérés de la bureaucratie fut la seconde principale erreur.
Mao Zedong prit conscience de la faiblesse de Staline et pour éviter de commettre les mêmes erreurs, il a insisté particulièrement sur la conception prolétarienne du monde pour résoudre de nouveaux problèmes compliqués. Pour lui la conception prolétarienne du monde est toujours « le microscope et le télescope » pour observer les mécanismes subtils du développement de la société humaine et de la pensée humaine, et à partir de là il a développé ses conclusions extrêmement raffinées. Par conséquent, plus le problème est compliqué, plus il est nécessaire de comprendre de façon approfondie la conception prolétarienne du monde et de maîtriser sa théorie, sa pratique et sa méthode.

La méthode scientifique de Mao Zedong

Toute l'histoire du monde - la nature, la société et la pensée humaine - n'est rien d'autre qu'un processus dialectique ininterrompu. Donc derrière les manifestations concrètes individuelles de la réalité objective – que nous pouvons directement percevoir à l'aide de nos organes sensoriels – la seule voie possible pour accéder à l'essence de la réalité, c'est grâce à la méthode dialectique matérialiste. Mao Zedong en donne une explication magistrale :

« Pour refléter pleinement une chose dans sa totalité, pour refléter son essence et ses lois internes, il faut procéder à une opération intellectuelle en soumettant les riches données de la perception sensible à une élaboration qui consiste à rejeter la balle pour garder le grain, à éliminer ce qui est fallacieux pour conserver le vrai, à passer d’un aspect des phénomènes à l’autre, du dehors au-dedans, de façon à créer un système de concepts et de théories ; il faut sauter de la connaissance sensible à la connaissance rationnelle. Cette élaboration ne rend pas nos connaissances moins complètes, moins sûres. Au contraire, tout ce qui, dans le processus de la connaissance, a été soumis à une élaboration scientifique sur la base de la pratique, reflète, comme le dit Lénine, d’une manière plus profonde, plus fidèle, plus complète la réalité objective. (Mao, Œuvres choisies, T I, p 338)

Quand le MLPD (le Parti Marxiste-léniniste d'Allemagne) a analysé les élections sénatoriales de Hambourg en septembre 1993, il était particulièrement important de ne pas surestimer la valeur du résultat des élections pour évaluer la conscience des masses.

D'une part, les élections bourgeoises dans une période de capitalisme monopoliste d’État ne sont rien de plus qu'un indicateur moyen de la conscience des masses. Dans la soi-disant « démocratie militante » de la République Fédérale Allemande, les élections sont déterminées, par dessus tout, par un système qui imposent aux partis révolutionnaires des handicaps institutionnels. L'un d'eux est le contrôle complet des partis des monopoles sur les média de masse modernes, qui détermine une campagne électorale jusqu'à 95%.*Enfin, mais ce sont surtout les limites étroites du parlementarisme bourgeois et les possibilités restreintes pour la libre expression qui empêchent de refléter le sentiment des masses, particulièrement quand il est dirigé contre le système de dictature des monopoles et de leurs partis politiques.

D'autre part, dans les grèves et les manifestations, dans les formes les plus variées de la résistance populaire active et des protestations de masse, certaines formes d'expression seront toujours plus importantes que ce que les campagnes électorales et les résultats électoraux seront jamais capables de donner.

Donc les résultats électoraux peuvent seulement nous donner une connaissance très superficielle, pas une image très réaliste du développement de la conscience des masses. Seule l'analyse de tous les aspects du développement de la conscience des masses – qu'ils soient négatifs ou positifs, théoriques ou pratiques, progressistes ou réactionnaires, objectifs ou subjectifs – pourra nous aider à parvenir à l'évaluer de façon approfondie, et c'est avec une rapidité croissante que se développera un profond changement dans l'état d'esprit des masses qui mettra fin à une longue période de calme relatif dans la lutte des classes.

Le processus de passage de la perception sensorielle des choses à leur compréhension rationnelle avec l'aide de la méthode matérialiste dialectique reflète plus profondément, plus véritablement, plus pleinement les choses et les processus objectifs.

Dans la pratique révolutionnaire, on peut habituellement répondre à des questions relativement familières en puisant dans la richesse des expériences pratiques et des méthodes classiques. Des questions qui surgissent à partir de nouveaux phénomènes et de changements fondamentaux de situation exigent cependant de mettre la pensée et les actes de quelqu'un en accord avec cette nouvelle réalité au moyen de la méthode matérialiste dialectique.

C'est pourquoi Mao Zedong enseignait que

« S’il s’agit d’un mouvement social, les véritables dirigeants révolutionnaires doivent non seulement savoir corriger les erreurs qui apparaissent dans leurs idées, théorie , plans ou projets, … il faut encore, lorsque un processus objectif progresse et passe d’un degré de son développement à un autre, qu’ils soient aptes, eux-mêmes et tous ceux qui participent à la révolution avec eux, à suivre ce progrès et ce passage dans leur connaissance subjective, c’est-à-dire qu’ils doivent faire en sorte que les nouvelles tâches révolutionnaires et les nouveaux plans de travail proposées correspondent aux nouvelles modifications de la situation. » (Mao Zedong, « De la pratique », Œuvres choisies, T I, p. 342)

Ce qui est d'autant plus vrai quand on a affaire à des bouleversements révolutionnaires.

«Dans une période révolutionnaire, la situation change très rapidement ; si les révolutionnaires n’adaptent pas rapidement leur connaissance à la situation, ils seront incapables de faire triompher la révolution. (Mao Zedong, « De la pratique », Œuvres choisies, T I, p. 342)

Dans de telles situations, le dogmatisme est particulièrement dangereux parce qu’il manque généralement de flexibilité pour saisir les nouvelles tâches révolutionnaires dans tous les tournants et transformations de la lutte des classes. De nombreux camarades du MLPD n'ont pas su par exemple reconnaître qu'aujourd'hui quand le mouvement petit bourgeois est en crise, quand le mouvement ouvrier en éveil est devenu une force dominante dans le mouvement social et que le caractère prolétarien du Parti n'est pas menacé, il est inexact d'exagérer principalement les différences entre le parti et le mouvement de la petite bourgeoisie intellectuelle, de ses activités et organisations. Au contraire, le temps est venu de tout faire pour accélérer les préparatifs de l'alliance avec la couche de la petite bourgeoisie et de devenir vraiment un parti de masse. Ces camarades ne comprennent pas cette nouvelle situation et se cramponnent dogmatiquement aux mêmes tâches initiales que dans les années soixante-dix. Puis, la menace principale sur le jeune mouvement ouvrier et sur la reconstruction du parti révolutionnaire fut l'effet destructeur de la domination des intellectuels petits bourgeois.
Mao Zedong fustigea la méthode de ces dogmatiques :

« Nos dogmatiques sont des faignants. Ils refusent d'entreprendre une étude minutieuse des choses concrètes, ils considèrent que les vérités générales émergent du néant, ils les transforment en formules creuses purement abstraites et ainsi ils nient et inversent complètement la séquence normale par laquelle l'homme en vient à connaître la vérité. » (Mao Zedong, « De la contradiction », T I, p. 359)

Tous les cadres doivent adopter le mode de pensée prolétarien

Le cœur de la conception prolétarienne du monde est le mode de pensée prolétarien, la méthode dialectique qui lie la théorie marxiste-léniniste à la pratique concrète de la lutte des classes.

Mao Zedong voulait que les cadres dirigeants n'embrassent pas seulement le cœur de la conception prolétarienne du monde, mais que les méthodes prolétariennes de pensée et de travail imprègnent toutes les activités du Parti. Dans l'enseignement de la méthode matérialiste dialectique, il a insisté sur la lutte idéologique par tous les cadres et tous les membres du Parti. Cette idée est contenue dans les deux principaux ouvrages philosophiques de Mao Zedong, « De la pratique » et « De la contradiction » écrits dès 1937. Ces travaux sont des guides exceptionnels pour maîtriser la méthode matérialiste dialectique pour apprendre la théorie marxiste-léniniste et la traduire concrètement dans la pratique de la lutte des classes. Ils ont aussi fourni une orientation générale pour le développement des cadres, les capacités et les qualités requises attendues d'eux.

Pour devenir le Parti des masses, le MLPD doit réussir dans les prochaines années à former des milliers de cadres qui 

  1. saisissent l'essence du marxisme-léninisme et la ligne idéologique et politique du MLPD

  2. possèdent la capacité d'appliquer la méthode matérialiste dialectique de façon autonome à toute sorte de problème, des pré requis nécessaires pour devenir politiquement capables et suffisamment qualifiés pour exercer des fonctions et des tâches particulières à un niveau qualitativement élevé

  3. ont une vision politique qui permet aux cadres non seulement d'approfondir chaque problème, mais aussi de saisir la direction de leur développement futur et de proposer des solutions appropriées

  4. possèdent la trempe nécessaire et restent imperturbables devant les difficultés ; ils doivent avoir un nécessaire esprit de sacrifice pour tout faire pour la construction du Parti et de la lutte des classes ; et

  5. sont en étroite relation avec la façon de penser, de ressentir et d'agir des masses et sont libérés de l'intérêt personnel et du désir de reconnaissance, de la vanité et de l'arrogance, de la léthargie et de la passivité, de la rigidité et du sectarisme.

La littérature et l'art pour l'éducation des masses

Élever le niveau général culturel dans un pays semi-féodal et semi-colonial comme la Chine, où l'illettrisme était particulièrement répandu, avait une importance particulière : sans avoir relevé le niveau culturel, il n'y aurait pas pu avoir de lutte de libération révolutionnaire victorieuse ! La littérature et l'art ont donc servi l'intérêt de classe du prolétariat. Dans « Interventions aux causeries sur la littérature et l'art à Yénan », Mao Zedong a expliqué :

« Dans le monde d’aujourd'hui, toute culture, toute littérature et tout art appartiennent à une classe déterminée et relèvent d’une ligne politique définie. Il n’existe pas, dans la réalité, d’art pour l’art, d’art au dessus des classes, ni d’art qui se développe en dehors de la politique ou indépendamment d’elle. La littérature et l’art prolétariens font partie de l’ensemble de la cause révolutionnaire du prolétariat ; ils sont, comme disait Lénine, « une petite roue et une petite vis » du mécanisme général de la révolution. Aussi le travail littéraire et artistique occupe-t-il dans l’ensemble de l’activité révolutionnaire du Parti une position fixée et bien définie ; il est subordonné à la tache révolutionnaire assignée par le Parti pour une période donnée de la révolution. Rejeter cela, c’est glisser inévitablement vers le dualisme ou le pluralisme, ce qui en substance aboutirait à ce que voulait Trotski : « une politique marxiste et un art bourgeois » (Mao, Œuvres choisies, T III, p. 86)

Pour permettre aux masses d'adopter une conception prolétarienne du monde de manière approfondie, Mao Zedong s'est battu inlassablement pour une culture prolétarienne à la portée des larges masses. Et cela s'applique bien sûr à l'aspect décisif de la culture et de l'idéologie prolétarienne.

« Dès lors que notre littérature et notre art sont essentiellement destinés aux ouvriers, aux paysans et aux soldats, les populariser signifie les rendre populaires parmi eux, en élever le niveau signifie partir du niveau des ouvriers, des paysans et des soldats pour l’élever …Nous devons populariser seulement ce dont ont besoin les ouvriers, les paysans et les soldats et qu’ils sont prêts à accueillir. C’est pourquoi, avant d’entreprendre la tâche d’éduquer les ouvriers les paysans et les soldats, il nous faut apprendre auprès d’eux. Cela est particulièrement vrai quand on parle d’élever le niveau. Pour élever une chose, il faut la prendre au niveau où elle se trouve » (Mao, œuvres choisies, T III, p 79)

Littérature et art sont des formes de la lutte idéologique. Ils sont des méthodes fondamentales pour enraciner profondément le mode de pensée prolétarien parmi les larges masses...

Le combat de Mao Zedong contre le mode de pensée bourgeois et petit bourgeois au sein du Parti

Pour imposer le mode de pensée et de travail dans le parti, Mao a mené un travail intensif contre toutes les manifestations du mode de pensée et de travail petit bourgeois et bourgeois dans le parti. Pour installer dans le parti l’ambiance nécessaire à ce but, il a du polémiquer contre le libéralisme, la tendance petite bourgeoise la plus importante :

« Le libéralisme, lui, rejette la lutte idéologique et préconise une entente sans principe ; il en résulte un style de travail décadent et philistin qui, dans le Parti et les groupements révolutionnaires, conduit certaines organisations et certains membres à la dégénérescence politique.»(Mao, Œuvres choisies, T II, p. 25).

Vingt ans plus tard dans l’Union Soviétique de Khrouchtchev, on a eu la preuve que négliger le combat idéologique pouvait mener non seulement à la dégénérescence politique de membres ou d’unités du parti isolés, mais même à la dégénérescence de l’ensemble du parti et, par conséquent, à la destruction du socialisme.

Mao alors a distingué 11 formes parmi les manifestations les plus importantes du libéralisme :

1. Renoncement à la critique et à l’auto critique de principe.

2. Bavardages irresponsables derrière le dos des autres au lieu de critiques franches.

3. Se préoccuper de sa propre personne et se comporter de façon opportuniste.

4. Mettre sa propre opinion au dessus de tout.

5. Attaquer les autres sur le plan personnel au lieu de mettre au centre la controverse objective.

6. Ne rien entreprendre contre les idées fausses ou laisser faire.

7. Se comporter comme si un marxiste léniniste était n’importe qui.

8. Se comporter avec indifférence face à des violations des intérêts des masses.

9. Au lieu de travailler scientifiquement, tout expédier de façon formelle et superficielle.

10. Se prévaloir de son statut de vétéran au lieu de constamment travailler sur soi même.

11. Ne pas corriger ses erreurs.

Mao démontre que le libéralisme décompose les rangs du Parti et interdit tout progrès réel. Cependant avant tout, il provoque la coupure entre le parti et les masses :

« Le libéralisme est extrêmement nuisible dans les collectivités révolutionnaires. C’est un corrosif qui ronge l’unité, relâche les liens de solidarité, engendre la passivité dans le travail et crée des divergences d’opinions. Il prive les rangs de la révolution d’une organisation solide et d’une discipline rigoureuse, empêche l’application intégrale de la politique et coupe les organisations du Parti des masses populaires placées sous la direction du Parti. (Mao, Œuvres choisies, T II, p. 26)

A l’inverse il en ressort que le combat idéologique, le travail de conviction infatigable constitue la garantie décisive d’une liaison toujours plus profonde entre le parti et les masses. Le combat idéologique pour la pensée, les sentiments et les actions des masses est l’essence du travail systématique du Parti. Le travail systématique de fourmi est la méthode déterminante pour devenir un Parti des masses. Comme le libéralisme signifie renoncer au combat idéologique, il constitue aussi un obstacle décisif sur la voie pour être un Parti des masses. En matérialiste Mao renvoie toute idée à ses racines sociales économiques.

« Dans la société de classe chaque homme vit en tant que membre d’une classe déterminée et il n’existe aucune pensée qui ne porte une empreinte de classe. »(Mao, Œuvres choisies, T I, p. 330)

Le libéralisme est une forme de manifestation du mode de pensée petit bourgeois.

« Le libéralisme a pour cause l’égoïsme de la petite bourgeoisie qui met au premier plan les intérêts personnels et relègue au second ceux de la révolution ; d’où ses manifestations sur le plan idéologique, politique ainsi que dans le domaine de l’organisation. » (Mao, Œuvres choisies, T II, p. 27)

Dans son combat incessant pour imposer le mode de pensée et de travail prolétarien, Mao a dévoilé encore toute une série d’autres manifestations du mode de pensée petit bourgeois :

Le dogmatisme, le style stéréotypé dans le parti, les privilèges personnels et la vanité, la connaissance livresque, la passivité et la nonchalance, la corruption et le fait d’imposer son autorité, l’absence de principe et l’obstination, les attitudes arrogantes, une exclusivité, la vanité du vétéran, le sectarisme, le refus de la discipline, le style de travail subjectiviste, la vanité intellectuelle et l’arrogance, l’empirisme, l’ultra démocratisme et l’ultra centralisme, le fanatisme, l’hostilité vis-à-vis des masses, le formalisme, le bureaucratisme, la flagornerie, l’égoïsme etc.

Toutes ces manifestations du mode de pensée et de travail petit bourgeois ont en commun qu’elles signifient une séparation de la théorie marxiste léniniste d’avec la pratique révolutionnaire. Ainsi l’essence du mode de pensée petit bourgeois réside dans la méthode métaphysique, la coupure entre théorie et pratique.

Les formes que prennent les manifestations du mode de pensée petit bourgeois reflètent le caractère de la petite bourgeoisie dans la société. La notion de « petit bourgeois » ne signifie pas une dépréciation des camarades de situation de classe ou d’origine petite bourgeoise ; elle est au contraire une catégorie scientifique sans laquelle on ne peut pas mener le combat idéologique dans un but déterminé.

En général, dans la société capitaliste, surtout au stade de développement du capitalisme d’État, la petite bourgeoisie ne constitue pas une classe homogène et plus une couche sociale. En font partie des travailleurs indépendants, des petits producteurs, l’intelligentsia autonome, l’intelligentsia dépendante, la masse des fonctionnaires, les paysans petits et moyens etc. Sa nature versatile est caractéristique.

« Dans une société développée », écrit Karl Marx faisant référence au capitalisme, « et sous la pression de sa situation, le petit bourgeois devient d’un côté un socialiste, d’un autre côté économiste, cela signifie qu’il est aveuglé par la magnificence de la grande bourgeoisie et a de la compassion pour les malheurs du peuple… Ce petit bourgeois sacralise la contradiction parce qu’elle est le cœur de son être. Il est lui-même purement et simplement la contradiction sociale en action. Il doit légitimer par la théorie ce qu’il est dans la pratique. »

Pour le combat idéologique au sein du Parti, l’évaluation objective du rôle de l’intelligentsia petite bourgeoise est très importante. Celle-ci a tendance à résumer sa manière de voir petite bourgeoise en une théorie. C’est pourquoi dans tout mouvement révolutionnaire l’avenir dépend particulièrement de la vigilance à l’égard de l’intelligentsia petite bourgeoise. A ce propos Lénine indique : 

« Personne n’osera nier que l’intelligentsia en tant que couche particulière de la société capitaliste moderne se caractérise en gros et en détail précisément par son individualisme et son inaptitude à la discipline et à l’organisation … par là cette couche sociale se distingue entre autres défavorablement du prolétariat ; c’est en cela que réside une des explications sur la faiblesse et la versatilité de l’intelligentsia, une particularité que le prolétariat si souvent peut remarquer ; et cette particularité de l’intelligentsia est dans un rapport indissoluble avec ses conditions de vie habituelles et ses conditions de travail qui se rapprochent pour beaucoup des rapports de l’existence petite bourgeoise. » (Lénine, œuvres complètes, T VII, page ?)

Mao découvre la loi de la lutte entre deux lignes

Mao affirme :

« S’il n’y avait pas, dans le Parti, de contradictions et de lutte idéologique pour résoudre les contradictions, la vie du parti prendrait fin. (Mao, « De la contradiction », Œuvres Choisies, T I, p. 354)

Les contradictions au sein du Parti sont un reflet de la lutte de classe dans la société. C’est pourquoi la manifestation de contradictions idéologico-politiques au sein du Parti est aussi une loi objective. Mao dit :

« La loi de la contradiction inhérente aux choses, aux phénomènes, ou loi de l’unité des contraires, est la loi fondamentale de la dialectique matérialiste. (Mao, œuvres choisies, T I, p. 347)

Bien sûr cela est valable aussi pour le Parti et pour la discussion à l’intérieur du Parti.

En opposition aux conceptions de Marx et Lénine, dans différents vieux Partis communistes avant 1956 comme dans le Parti du travail d’Albanie sous Enver Hoxha, s’est répandue la conception selon laquelle les contradictions au sein du Parti ne peuvent pas se développer. C’est pourquoi on ne pourrait introduire dans le Parti des idées et conceptions erronées que de l’extérieur.

Cette conception métaphysique cherche la cause des contradictions au sein du Parti non dans la lutte de classe et son reflet dans la tête des hommes, mais dans l’idée d’une prise d’influence extérieure sur le Parti par l’activité d’agents infiltrés. Naturellement il y a aussi des tentatives pour influencer le parti de l’extérieur, mais c’est le caractère des contradictions internes de la vie du Parti qui est fondamental et qui décide de l’évolution du Parti.

Dans son livre « Impérialisme et Révolution », Enver Hoxha polémique contre Mao en affirmant :

« Mao lui-même prêche la nécessité de l’existence de « deux lignes » dans le Parti. D’après lui, l’existence et la lutte de deux lignes dans le Parti sont quelque chose de naturel, la manifestation de l’unité des contraires, elles constituent une politique élastique qui unit en elle-même la fermeté de principe avec le compromis. »

En juillet 1980, le KABD (Union des Travailleurs Communistes d’Allemagne), organisation qui a précédé le MLPD, a répondu à ce sujet :

« La lutte entre deux lignes est la loi objective du développement des contradictions au sein du Parti et quand Enver Hoxha renie cette loi elle agira quand même indépendamment de sa volonté, y compris dans le Parti du travail d’Albanie. Le mode de pensée petit bourgeois pénètre sans cesse spontanément et ne touche pas que les gens d’origine petite bourgeoise. S’ils ne sont pas imprégnés de conscience socialiste, les prolétaires aussi seront touchés par l’idéologie petite bourgeoise au moyen d’influences et de transformations internes, et, de façon renforcée, par des influences extérieures de l’idéologie bourgeoise. La bureaucratie est particulièrement réceptive, elle, qui a tendance au mode de pensée petit bourgeois du fait d’un style de vie meilleur et influencé par un certain exercice du pouvoir. Dans le Parti, des membres notamment des permanents qui sont dominés par le mode de pensée petit bourgeois, entrent en contradiction avec la ligne prolétarienne du Parti, en premier lieu comme contradiction au sein du peuple qui, s’il ne réussit pas à la résoudre se transforme en contradiction antagoniste. Cette contradiction se manifeste en tant que lutte entre deux lignes. La ligne petite bourgeoise tente de décomposer la ligne prolétarienne et de transformer le Parti en Parti révisionniste. On doit empêcher cela par une lutte conséquente de la ligne prolétarienne…C’est donc un processus qui obéit à des lois, selon lequel, sur la base de contradictions au sein du parti, une lutte entre deux lignes se développe. La cause objective en est l’existence des classes, des contradictions de classe et de la lutte de classe sous le socialisme. Insinuer que Mao aurait préconisé l’existence permanente de deux lignes dans le Parti sert à Enver Hoxha à nier ce caractère de loi objective. Pourtant ce n’est pas ainsi que son influence sera réduite à néant que ce soit en Albanie ou au sein du Parti du travail d’Albanie. » ( China Aktuell n° 5, p 56-58)

Par cette attaque contre les idées de Mao, le Parti du travail d’Albanie s’est lui-même privé de tenir bon face aux attaques de l’idéologie bourgeoise et petite bourgeoise. C’est ainsi que finalement il a dépéri.

Quand le CC du MLPD avant le 4° congrès en 1991 s’est tout d’abord opposé à la réunification de l’Allemagne parce qu’elle conduisait à l’annexion de l’Allemagne de l’Est par les monopoles ouest-allemands, cette position n’était pas simplement prise par les révisionnistes et la gauche autonome. Sur le plan subjectif, nous refusions les revendications des révisionnistes de défense de la RDA en tant que « socialisme réel » et le mot d’ordre petit bourgeois anarchiste des autonomes  « Plus jamais d’Allemagne ». Du point de vue objectif, notre position ne se distinguait guère de celles des révisionnistes et de « l’ultragauche ». Notre position ignorait le désir légitime de la population allemande de surmonter cette division contre nature et s’opposait objectivement au mouvement démocratique populaire en RDA. Ce fut une erreur fondamentale qui ne pouvait venir que de l’intérieur du parti.

« La cause fondamentale du développement des choses et des phénomènes n’est pas externe, mais interne ; elle se trouve dans les contradictions internes des choses et des phénomènes eux-mêmes. » (Mao Tsé-toung, Œuvres choisies, T. I, p. 349)

On en est arrivé là parce que nous n’avons vu de façon unilatérale que l’effort bien réel des monopoles ouest-allemands pour étendre leur pouvoir politique et économique et que nous ne sommes pas partis des intérêts fondamentaux du peuple allemand.

La réunification avait en fait un double caractère : du côté des monopoles ouest-allemands, c’était une annexion, du côté des masses c’était une réunification. Même si elle se produisait dans le cadre capitaliste, la réunification de l’Allemagne est d’abord le résultat progressiste de la résistance populaire démocratique au régime bureaucratique capitaliste de Honecker et devait être soutenue en toutes circonstances par les marxistes. Leur tâche urgente était à ce moment-là de surmonter la division de la classe ouvrière allemande à l’Est et à l’Ouest ainsi que la construction du Parti dans toute l’Allemagne.

La cause de cette faute du CC du MLPD vient en premier lieu de son analyse erronée et de sa non prise en compte de la ligne de masse. C’est seulement sur cette base que les influences révisionnistes et sectaires peuvent agir sur le mouvement spontané.

Mao a écrit à ce propos :

« La dialectique matérialiste exclut-elle les causes externes ? Nullement. Elle considère que les causes externes constituent la condition des changements, que les causes internes en sont la base, et que les causes externes opèrent par l’intermédiaire des causes internes. » (Mao, œuvres choisies, T I, p. 351)

L’explication erronée par des agents infiltrés a conduit fréquemment dans différents vieux Partis communistes à un traitement schématique des contradictions apparues et souvent à la prise de mesures coercitives injustes et nuisibles. L’enseignement de Mao sur la lutte entre deux lignes et sur la signification du combat idéologique est d’une importance élémentaire pour la construction de tout Parti révolutionnaire prolétarien.

Le MLPD et ses expériences de l’action destructrice du mode de pensée petit bourgeois dans la construction du Parti.

La reconstruction de Partis marxistes léninistes en Europe à la fin des années 60 et au début des années 70 a eu lieu à une période où le mouvement social était dominé très fortement par le mouvement étudiant petit bourgeois. La classe ouvrière acceptait sans combat les attaques du capital monopoliste à quelques exceptions près. Un calme relatif régnait dans la lutte de classe. Le réformisme déterminait la pensée des travailleurs, leur volonté de lutte était endormie par la politique de réformes par en haut que les monopoles ont appliquée pendant des années.

Attirés par les succès de la Grande Révolution Culturelle prolétarienne, la critique du révisionnisme moderne ainsi que les succès des peuples d’Indochine dans leur lutte de libération contre l’impérialisme US, des dizaines de milliers d’étudiants petits bourgeois se tournèrent vers le marxisme léninisme. Dans presque tous les pays de l’Europe de l’Ouest des partis et organisations sont nés qui se réclamaient des idées marxistes léninistes et de Mao. Mais celui qui se réclame du marxisme léninisme et des idées de Mao n’a pas encore forcément assimilé l’essence de la conception prolétarienne du monde. Voilà ce qu’en dit l’organe théorique du MLPD, Voie Révolutionnaire :

« Les activistes du mouvement étudiant se sont tournés vers la classe ouvrière, ont plus ou moins étudié le marxisme léninisme et fondé des groupes ML. Dans leur mode de pensée petit bourgeois ils mélangeaient le révolutionnarisme petit bourgeois et l’anti autoritarisme, le trotskisme et l’anarchisme, le marxisme léninisme et l’opportunisme de gauche. De ce bric à brac, naquit le soi disant « mouvement marxiste léniniste ». Outre le révisionnisme, il était nécessaire de combattre aussi l’anti autoritarisme auquel adhéraient encore beaucoup de membres du mouvement étudiant. » (V.R. I-3)

Dès le début la prétention petite bourgeoise à diriger, le dogmatisme, le schématisme, l’éclectisme, l’opportunisme et le sectarisme ont marqué le mouvement ML petit bourgeois. Sous la direction d’étudiants petits bourgeois se sont sans cesse multipliées les scissions et les recréations de groupes ML, chacun ayant le plus souvent la prétention d’être le seul vrai Parti ML. Rien qu’en 1972 il y avait en Allemagne au moins 150 groupes ou Partis ML de ce type. Après une courte floraison dans les années 70 le mouvement ML petit bourgeois s’est complètement effondré au début des années 80.

Les dirigeants du mouvement ML petit bourgeois ont été incapables de vraiment se lier profondément au prolétariat, d’apprendre de lui, de fusionner avec lui et d’adopter un mode de pensée prolétarien. Au lieu de cela ils ont essayé de construire des organisations et Partis selon leur propre portrait petit bourgeois et leur conception des buts. De cette façon ils devaient échouer.

Quand le mouvement ML spontané a reculé la plupart des étudiants petits bourgeois se sont montrés incapables de tirer les justes leçons de leurs échecs. Ils manifestèrent leur complète absence de caractère en retournant rapidement dans le giron de la bourgeoisie, en se retirant dans la sphère privée ou en adhérant au Parti petit bourgeois des Verts. Bien sûr cela ne s’est pas produit sans qu’ils rejettent le marxisme léninisme et les idées de Mao en prétendant qu’il et elles étaient la cause de leur échec.

Les dirigeants étudiants petits bourgeois se sont montrés incapables de nager à contre courant parce qu’ils n’avaient  assimilé en vérité qu’une connaissance livresque plus ou moins complète du marxisme léninisme, mais n’avaient pas abandonné leur point de vue de classe ni assimilé le mode de pensée prolétarien.

Au lieu de cela ils ont rendu responsable la prétendue mentalité arriérée des masses de leur capitulation. Ils déclarèrent que le mouvement ouvrier était mort et se tournèrent désormais vers leur vrai métier, le mouvement petit bourgeois, la défense de leurs intérêts et préoccupations individualistes, pacifistes, nihilistes et négativistes. C’est ainsi que le mode de pensée petit bourgeois a conduit au courant liquidateur.

Quand en 1975/76, des formes d’attitude liquidatrice se sont manifestées également dans le KABD, l’organisation qui a précédé le MLPD, Willi Dickhut a décrit les différentes caractéristiques, traits et expressions du mode de pensée petit bourgeois qui ont alors exercé une influence sur le mouvement ouvrier. Il est arrivé à cette constatation : là où apparaît l’attitude liquidatrice, domine le mode de pensée petit bourgeois.

« Dans leurs efforts pour décomposer et liquider le parti marxiste, le parti révolutionnaire du prolétariat, les liquidateurs agissent objectivement contre la révolution. Ils sont objectivement devenus des agents de la bourgeoisie dans le camp de la classe ouvrière. Entre eux et le parti prolétarien, il doit y avoir une ligne de démarcation nette. » (VR 15, p 35)

C’est pourquoi il est nécessaire de reconnaître à temps les formes d’apparition du mode de pensée petit bourgeois. Qu’elles se manifestent de façon isolée ou en même temps sous plusieurs traits, on doit les combattre de façon résolue par la critique et l’autocritique, avant qu’elles ne deviennent ensemble la forme dominante du mode de pensée des cadres. Au moment où le mode de pensée petit bourgeois prend le pas sur le mode de pensée prolétarien dans le Parti, c’est qu’on est arrivé au stade de la liquidation.

Willi Dickhut a mis en évidence deux facteurs constituant la base matérielle du courant liquidateur :

Premièrement la formation et la ruine des classes intermédiaires petites bourgeoises et leur pénétration dans le prolétariat.

Deuxièmement l’effet d’un changement de situation du soit à la crise économique et politique soit à l’émergence d’une situation révolutionnaire.

Les principaux traits, aspects et particularités caractéristiques du mode de pensée petit bourgeois du courant liquidateur apparu en 1976 ont été décrits dans l’organe théorique V.R. 15 de la façon suivante : la présomption et l’arrogance, la prétention individualiste à diriger et le carriérisme, l’absence de discipline et l’indépendance, l’ultra démocratisme et la liberté de critique, l’hostilité vis-à-vis des masses et le sectarisme, le dogmatisme et l’empirisme, le libéralisme et le révisionnisme.

Pour défendre et consolider le Parti, on doit renforcer la vigilance révolutionnaire dans tout le Parti. Pour cela on doit ajouter :

« Le fondement de la vigilance révolutionnaire n’est rien d’autre que la prise de position critique et révolutionnaire sur la réalité, le lien correct entre critique et autocritique comme méthode de connaissance scientifique. Pour pouvoir reconnaître le mode de pensée petit bourgeois comme cause principale de l’attitude liquidatrice, ses aspects et formes de manifestations différentes et pour pouvoir les combattre dans l’œuf, on doit reconnaître et éliminer l’apparition du mode de pensée petit bourgeois chez les autres et chez soi-même. » (R.V. 15)

A cette occasion la Voie Révolutionnaire signale pourtant que la vigilance révolutionnaire n’a rien à voir avec le scepticisme petit bourgeois et la méfiance qui, eux-mêmes, sont des formes d’apparition du mode de pensée petit bourgeois. C’est pourquoi nous devons

« …en même temps nous tenir sur nos gardes devant la manifestation de la méfiance. Nous appelons à la vigilance révolutionnaire sur la base de la confiance parmi nous que ce soit vis-à-vis des membres ou des directions. L’unité dialectique entre la confiance et la vigilance révolutionnaire doit sans cesse être maintenue en tenant compte à chaque fois qu’un aspect peut devenir l’aspect principal. Aujourd’hui la vigilance révolutionnaire doit devenir l’aspect principal parce qu’on l’a négligée de façon irresponsable.» (V.R. 15)

La nécessité du système de contrôle

« Pour le mouvement ouvrier, la question du mode de pensée est si importante qu’on doit l’examiner sans cesse, et plus encore, qu’on doit contrôler sans cesse qui influence qui. » (Voie Révolutionnaire 15, p. 11)

La question qui influence qui est d’une importance fondamentale pour un parti révolutionnaire. A côté du contrôle d’en bas par la vigilance révolutionnaire des membres, on doit aussi organiser dans le parti le contrôle par en haut au moyen de commissions de contrôle indépendantes.

La suppression par Staline des commissions de contrôle indépendantes a manifesté la sous estimation du combat idéologique à propos du mode de pensée. Que Mao n’ait pas identifié cela, ce fut évidemment une erreur, comme l’a montré l’évolution négative du PCC après sa mort.

Les réflexions fondamentales de Lénine sur la nécessité de commissions de contrôle indépendantes n’ont pas vu le jour par hasard à une époque où des formes d’apparition du bureaucratisme petit bourgeois ont commencé à poindre avec force dans l’appareil du parti, de l’État et de l’économie. Voici ce qu’en dit Lénine :

« Notre comité central est devenu un groupe étroitement centralisé, jouissant d’une grande autorité, mais pour le travail de ce groupe on n’a pas réuni les conditions qui correspondent à son autorité. C’est à cela que doit répondre la réforme que je propose. Les membres de la commission centrale de contrôle dont un certain nombre est tenu d’assister à chaque séance du bureau politique, doivent former un groupe solide qui aura à veiller, vis-à-vis de n’importe qui, à ce que l’autorité de personne ne puisse être empêchée de poser des questions, de vérifier des documents et surtout d’atteindre en toute occasion un haut degré d’information et la correction la plus formelle. » (Lénine, œuvres, T 33, p. 472)

En reconstruisant le parti après la dégénérescence du KPD (parti communiste d’Allemagne, 1920-interdit en1956, NDT), le MLPD a rétabli des commissions de contrôle. Le système des commissions de contrôle que le MLPD a développé est une leçon importante tirée de la dégénérescence révisionniste des anciens partis communistes.

La tâche principale des commissions de contrôle est l’éducation des directions et des membres pour qu’ils surmontent le mode de pensée petit bourgeois et renforcent leur mode de pensée prolétarien. Mais pour cela la possibilité pour les commissions de contrôle de prendre des mesures administratives à tout moment est un préalable nécessaire. Le contrôle sans cette possibilité, sans  « pouvoir », est une phrase vide .Que dans le travail de formation on doive autant que possible éviter de prendre des mesures administratives, cela ne signifie pas qu’on puisse y renoncer. A l’inverse, la possibilité de recourir à de telles mesures rend plus facile d’y renoncer, élargit le cadre de la formation avant qu’on ait besoin de les utiliser.

L’efficacité du travail des commissions de contrôle sera d’autant plus élevée que le système du contrôle par en haut ira de pair avec le contrôle par en bas. Comme le mode de pensée prolétarien ne peut se développer que sur la base de la conviction, de l’examen volontaire de la nécessité, l’autocontrôle de chaque cadre concernant son propre mode de pensée et de travail est finalement déterminant pour l’évolution de tout cadre. C’est pourquoi la tache principale des commissions de contrôle est d’éduquer à la vigilance révolutionnaire pour soi et vis à vis des autres.

La lutte systématique pour le mode de pensée dans le Parti marxiste léniniste est garantie par l’unité dialectique des trois aspects du contrôle - contrôle par en haut, contrôle par en bas et autocontrôle.

Willi Dickhut développe l’enseignement de la lutte entre le mode de pensée prolétarien et le mode de pensée petit bourgeois ;

En s’appuyant sur la constatation de Mao Zedong du caractère inévitable des contradictions à l’intérieur du Parti, Willi Dickhut a développé le concept de « la lutte entre deux lignes comme la loi objective du développement des contradictions à l’intérieur du Parti ». Cela se traduit par la lutte ininterrompue entre mode de pensée prolétarien et mode de pensée petit bourgeois dans le parti. L’enseignement de Willi Dickhut sur le mode de pensée est d’une importance fondamentale pour la reconstruction de partis marxistes léninistes après la dégénérescence révisionniste du PC d’Union Soviétique en 1956 et des Partis qu’il a ralliés à ses positions :

« Nous voulons construire le parti prolétarien et pour ça nous devons sans cesse tenir compte de cette loi du développement des contradictions à l’intérieur du parti

La lutte à l’intérieur du parti reflète la lutte de classe et se manifeste comme lutte entre deux lignes. Cela signifie que toute ligne idéologico-politique a un caractère de classe : la classe bourgeoise défend sa ligne bourgeoise, la classe ouvrière sa ligne prolétarienne. Le contenu de la ligne bourgeoise, c’est l’idéologie bourgeoise, le contenu de la ligne prolétarienne, c’est l’idéologie prolétarienne, c'est-à-dire le marxisme léninisme et les idées de Mao Zedong.

L’idéologie bourgeoise pénètre par de nombreux canaux dans la classe ouvrière et cherche à miner l’idéologie prolétarienne ; ce qui est facilité par l’existence de couches petites bourgeoises qui penchent tantôt vers la bourgeoisie tantôt vers la classe ouvrière.

La classe ouvrière et la petite bourgeoisie s’entremêlent par des milliers de liens. C’est de cette façon que le mode de pensée petit bourgeois agit sans cesse sur la classe ouvrière. Le parti prolétarien, l’avant-garde du prolétariat, n’est pas non plus immunisé contre cette influence.

Plus le mode de pensée petit bourgeois influence fortement des parties du prolétariat, plus cela doit faire obstacle à la lutte de classe. Plus les différentes formes d’apparition du mode de pensée petit bourgeois s’installent fortement dans le parti prolétarien, plus cela agit sur la fermeté idéologico-politique des membres – soit en négatif soit en positif.

Ainsi naît dans le parti un combat , une lutte entre le mode de pensée prolétarien et le mode de pensée petit bourgeois. Le mode de pensée petit bourgeois se traduit en une ligne idéologico-politique qui s’oppose à la ligne prolétarienne. La lutte entre deux lignes éclate et s’exacerbe.

La ligne petite bourgeoise apparue d’abord comme tendance, encore comme contradiction au sein du peuple, se transforme en contradiction antagoniste. La ligne prolétarienne doit être défendue de façon offensive contre la ligne petite bourgeoise dans le but de vaincre la ligne petite bourgeoise et d’aider la ligne prolétarienne à obtenir la victoire. Si la ligne petite bourgeoise est victorieuse, cela signifie une victoire du révisionnisme et la liquidation du parti prolétarien. » (Willi Dickhut, cité dans ‘Voie Révolutionnaire’ n° 24, p. 163-164)

Le mode de pensée prolétarien

Les partis et organisations prolétariennes qui ont du s’affirmer contre le mouvement petit bourgeois ML, n’ont pu se maintenir et se développer qu’en se séparant nettement des organisations et partis petits bourgeois marxistes-léninistes. Ils ont du donner la priorité au travail pour gagner la majorité décisive de la classe ouvrière et à la rééducation patiente des camarades d’origine ou de position de classe petites bourgeoises, adopter un mode de pensée prolétarien, assimiler de façon critique le marxisme-léninisme et l’appliquer de façon créative aux conditions du capitalisme monopoliste d’État en Allemagne. Il s‘agit avant tout de former par un travail patient des cadres prolétariens pour le nouveau parti marxiste-léniniste.

Karl Marx souligne :

« Ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine leurs conditions d’existence, mais au contraire leurs conditions sociales d’existence qui déterminent leur conscience. »

Le mode de pensée prolétarien a deux niveaux : le mode de pensée prolétarien spontané comme reflet de l’appartenance à la classe ouvrière ou aussi comme expression de l’instinct de classe prolétarien. A ce niveau le mode de pensée prolétarien est encore très fragile et plus ou moins fortement influencé et influençable par le mode de pensée petit bourgeois. C’est pourquoi il s’agit d’élever le mode de pensée prolétarien au niveau de la conscience socialiste. Ce niveau signifie que le point de vue de classe prolétarien s’interpénètre avec le socialisme scientifique.

Le mode de pensée prolétarien développé est identique à la capacité d’analyser tout problème sur le fond et en perspective et de le traiter selon un plan. Cette pensée en trois aspects caractérise le mode de pensée prolétarien des cadres d’un parti marxiste léniniste, capable d’appliquer le marxisme léninisme de façon créatrice aux conditions concrètes, de diriger les masses et de s’éduquer lui-même au mode de pensée prolétarien.

Même si on connaît le marxisme léninisme par cœur, on ne pourra le comprendre que si on s’approprie sa méthode. Lénine a réglé leur compte avec ces « marxistes » pleins de connaissances livresques :

« Tous se nomment marxistes, mais comprennent le marxisme d’une façon incroyablement pédante. Ils n’ont absolument pas compris ce qui est décisif dans le marxisme : à savoir sa dialectique révolutionnaire. » (Lénine, œuvres, T. 33, p.462)

Le mode de pensée prolétarien est par essence la méthode scientifique pour appliquer la théorie du marxisme léninisme à la réalité concrète dans la société et à la pensée et l’action humaines. Il est pour ça le mode d’existence vivant du ML et des idées de Mao.

Avec le développement de la société en capitalisme monopoliste d’État, l’importance du mode de pensée s’est encore accrue.

Dans les conditions du capitalisme monopoliste d’État il est encore moins possible qu’avant de se référer de façon seulement théorique au marxisme léninisme et aux idées de Mao Zedong. On doit aussi s’imprégner complètement de la pensée, des sentiments et de l’action du prolétariat et adopter un mode de pensée prolétarien. Les fondements pour la construction du parti marxiste-léniniste se sont élargis : la théorie du marxisme-léninisme ne suffit plus, le Parti marxiste léniniste doit travailler sur la base du mode de pensée prolétarien. C’est seulement ainsi qu’il peut éviter les erreurs et gagner la majorité décisive de la classe ouvrière pour renverser l’impérialisme et construire le socialisme.

Toutes les organisations qui ne prennent pas en main de façon ferme le combat pour le mode de pensée prolétarien et contre le mode de pensée petit bourgeois se transformeront en organisations opportunistes ou sectaires ou tôt ou tard disparaîtront.

Dans les conditions du capitalisme monopoliste d’État, la question du mode de pensée a pris une dimension sociale générale. Avec les modifications de la structure de classe du capitalisme monopoliste d’État, une couche relativement importante de l’intelligentsia dépendante s’est constituée qui est proche à son sommet du capital monopoliste et à sa base de la classe ouvrière. Aujourd’hui il n’y a plus entre la classe ouvrière et l’intelligentsia de séparation nette. Dans leurs conditions de vie et de logement elles se sont rapprochées de plus en plus. D’un côté des jeunes de familles ouvrières vont faire des études et deviennent des intellectuels ; d’un autre côté des enfants d’intellectuels petits bourgeois deviennent ouvriers ou simples employés. La transition entre la petite bourgeoisie et la classe ouvrière est devenue fluctuante avec des effets correspondants pour la prise d’influence du mode de pensée petit bourgeois au sein de la classe ouvrière et inversement le mode de pensée prolétarien influence la petite bourgeoisie. Le changement dans la structure de classe est la condition matérielle déterminante de la grande importance actuelle du mode de pensée petit bourgeois dans la lutte de classe.

Avec l’arrivée des média de masse modernes, les monopoles ont réussi à gagner de l’influence immédiatement sur la pensée, les sentiments et les actions de la classe ouvrière. A l’aide des réformes octroyées, une large couche de travailleurs a pu parvenir aujourd’hui à un standard de vie petit bourgeois sur la base duquel l’idéologie réformiste a pu s’enraciner fortement dans la classe ouvrière. En même temps que la classe ouvrière pourtant s’opposait ouvertement encore aux idéologies bourgeoises et impérialistes, le capital monopoliste s’est servi des média de masse modernes et de la culture de masse électronique pour diffuser le mode de pensée petit bourgeois systématiquement dans la classe ouvrière et sa jeunesse. Cela visait à décomposer la conscience de classe prolétarienne, à endormir la combativité de la classe ouvrière et à la désorganiser.

De ce fait, il n’y a pas non plus de mode de pensée prolétarien à cent pour cent, même chez les cadres du parti les plus conscients. La lutte entre le mode de pensée prolétarien et le mode de pensée petit bourgeois se développe, qu’on le veuille ou non. Seul celui qui a pris conscience de cela peut s’opposer au danger du mode de pensée petit bourgeois et consolider son mode de pensée prolétarien !

Le mode de pensée petit bourgeois s’efforce de concilier la conception du monde prolétarienne avec celle de la bourgeoisie et devient ainsi la porte d’entrée pour les idées bourgeoises et réactionnaires dans le mouvement ouvrier.

Avec l’éveil de la conscience de classe prolétarienne et le passage à l’offensive ouvrière, c’est pourtant un processus inverse qui se produit dans cette période de fin des réformes sociales. La classe ouvrière consolide son mode de pensée prolétarien et commence pas à pas à surmonter les influences du mode de pensée petit bourgeois, qu’il s’agisse des formes de luttes, des revendications ou des idées. Sans aucun doute des décennies de travail quotidien des marxistes léninistes parmi le prolétariat industriel y ont contribué.

Ce processus de victoire sur le mode de pensée petit bourgeois dans le mouvement ouvrier ne se déroule pas de manière linéaire, mais au contraire par à-coups et peut connaître des défaites et des ruptures. La base matérielle en est la complexité des rapports de classe dans le capitalisme monopoliste d’État et le caractère prononcé de crise permanente de son évolution actuelle. Il en ressort que le Parti révolutionnaire aujourd’hui n’est pas encore en situation de diriger la grande masse des travailleurs.

Le développement du MLPD en parti des masses est pour cela la tâche la plus urgente pour développer à un niveau supérieur la lutte de classe de la classe ouvrière en Allemagne et pour imposer le mode de pensée prolétarien parmi les masses sur un large front.

La juste solution des contradictions au sein du peuple de Mao.

S’appuyant sur les expériences de la Révolution de Démocratie Nouvelle et de la transition à la Révolution Socialiste, Mao Zedong a analysé l’existence de deux espèces de contradictions au sein de la révolution socialiste : la contradiction entre l’ennemi et nous et les contradictions au sein du peuple.

Sous le titre « Positions du Comité Central du SED contre la politique scissionniste du dirigeant chinois, pour le renforcement de l’unité et de l’entente des partis communistes ouvriers », Ulbricht a attaqué le 14. 4. 1964 l’analyse de Mao Zedong sur la persistance des classes et des contradictions de classe dans la société socialiste en affirmant ceci :

« La croissance des forces de la paix et du socialisme est une loi …de même que le renforcement des partis communistes et ouvriers, de leur unité et de leur entente. »

Cette conception idéaliste selon laquelle le socialisme serait déjà une société sans classe, sans contradiction, est rejetée sur le fond par Mao.

« En philosophie, le matérialisme et l’idéalisme forment une unité des contraires et se combattent. Il y a par ailleurs la dialectique et la métaphysique : elles aussi forment une unité des contraires et sont en lutte l’une contre l’autre. Quand on traite de la philosophie, on ne peut se passer de ces deux paires de contraires. En Union Soviétique, on n’admet pas l’existence de ces deux paires de contraires ; on s’en tient à un seul aspect des choses, car, à ce que l’on prétend, il n’y a là-bas que des fleurs odorantes et pas d’herbes vénéneuses ; on nie l’existence de l’idéalisme et de la métaphysique dans un pays socialiste. En fait, l’idéalisme, la métaphysique, les herbes vénéneuses existent dans n’importe quel pays. En Union Soviétique, de nombreuses herbes vénéneuses apparaissent sous les couleurs de fleurs odorantes, une foule de propos bizarres se présentent sous l’enseigne du matérialisme ou du réalisme socialiste. Nous reconnaissons publiquement la lutte entre le matérialisme et l’idéalisme, la dialectique et la métaphysique, les fleurs odorantes et les herbes vénéneuses. Cette lutte se poursuivra à jamais, et progressera d’un pas à chaque étape. » (Mao Zedong, Œuvres choisies, T V, p 397-398)

L’analyse matérialiste concernant l’existence de conceptions justes ou fausses pour la construction du socialisme a permis dans la Chine de Mao de mener un travail d’éducation de masse idéologique et politique complet. Dans la RDA au contraire les problèmes idéologiques ont été la plupart du temps résolus de manière administrative. Quand le 17 juin 1953 des troubles se sont produits contre des décrets bureaucratiques imposant d’en haut une hausse des normes, les dirigeants du SED n’ont pas compris comment résoudre cette contradiction par la méthode de l’unité des contraires. Ils n’ont pas fait la différence entre d’une part, la critique justifiée des masses à l’égard du comportement centraliste bureaucratique de la direction du SED et d’autre part, des agitateurs contre révolutionnaires qui existaient aussi réellement. Mao a dit à ce propos :

« Il faut traiter les troubles selon les cas. Les uns sont justifiés et nous devons reconnaître alors nos erreurs et les corriger. D’autres sont injustifiés et il importe de riposter. Les premiers ont leur raison d’être tandis que les derniers ne peuvent aboutir à quoi que ce soit. D’autres encore sont en partie justifiés et en partie non justifiés ; dans ce cas, nous devons accepter ce qui est fondé et soumettre à la critique ce qui ne l’est pas… En dehors du cas d’une véritable émeute contre révolutionnaire de grande envergure où la répression armée est de rigueur, il ne faut pas recourir à la force armée ni ouvrir le feu. » (Mao Zedong, Œuvres choisies, T V, p. 406)

Les contradictions entre nous et l’ennemi ont un caractère antagonique. Nous devons les traiter en premier lieu par la méthode forte.

Les contradictions au sein du peuple au contraire ont un caractère non antagonique et on doit les traiter par la méthode d’un patient travail de persuasion.

Le grand danger de vouloir résoudre des problèmes idéologiques par des méthodes administratives tient au fait que des contradictions non antagoniques peuvent se transformer en contradictions antagoniques.

« Dans les conditions ordinaires, les contradictions au sein du peuple ne sont pas antagoniques. Cependant elles peuvent le devenir si on ne les règle pas d’une façon correcte ou si l’on manque de vigilance et qu’on se laisse aller à l’insouciance et à la négligence. » (Mao Zedong, Œuvres choisies, T V, p.424)

Ce qui compte pour les contradictions dans la société socialiste a aussi de l’importance pour le Parti marxiste léniniste. Tant que mode de pensée prolétarien domine, la contradiction vis-à-vis du mode de pensée petit bourgeois n’est pas antagoniste. Dans cette phase la victoire sur le mode de pensée petit bourgeois doit résulter du travail de persuasion et de la critique et de l’autocritique fondée sur les principes.

« Tenter de résoudre ces questions au moyen d’ordres administratifs ou de la contrainte est non seulement inefficace, mais nuisible. Nous ne pouvons supprimer la religion avec des ordres administratifs, ni forcer les gens à ne pas croire. On ne peut obliger les gens à renoncer à l’idéalisme ni à adopter le marxisme. Toute question d’ordre idéologique, toute controverse au sein du peuple ne peut être résolue que par des méthodes démocratiques, par la discussion, la critique, la persuasion et l’éducation ; on ne peut la résoudre par des méthodes coercitives et répressives. (Mao Zedong, Œuvres choisies, T V, p. 422)

Si pourtant le mode de pensée petit bourgeois pénètre encore plus profondément et devient le mode de pensée dominant, la contradiction non antagoniste se transforme en contradiction antagoniste. A ce stade on doit encore essayer par la lutte idéologique d’exercer une influence sur les éléments petits bourgeois. Cependant s’ils se ferment à la discussion idéologico-politique et vont jusqu’à briser la discipline et mener des activités liquidatrices, diviser le parti et le démoraliser, alors on doit prendre avec la plus grande rigueur des mesures administratives contre les éléments petits bourgeois.

« Quand les contradictions ne sont pas antagoniques, l’unité est principale, essentielle ! Quand les contradictions sont antagoniques, la scission est principale, essentielle ! (ROTE FAHNE, 10/1980) Dès qu’on néglige de tenir compte de cette différence ou qu’on la méconnaît, les erreurs se multiplient. » (Voie Révolutionnaire 24, p. 152-153)

Avec ces principes, Mao Zedong se différencie fortement des méthodes administratives et d’intimidation qui ont été mises en œuvre en partie sous Staline par la bureaucratie centrale en Union Soviétique. Le traitement erroné des contradictions est aujourd’hui un argument important des anticommunistes contre l’Union Soviétique socialiste sous Staline. C’est pourquoi nous devons aussi prendre cette critique très au sérieux et en tirer les leçons.

La juste solution des contradictions au sein du peuple ne peut être obtenue que par la méthode de la critique et de l’autocritique de principe. C’est une caractéristique fondamentale de la construction du parti prolétarien. La critique et l’autocritique de principe imprègnent la culture du parti révolutionnaire. Il enseigne à ses membres la discussion ouverte et franche, l’assimilation du marxisme-léninisme et son application créatrice dans la pratique. Si au contraire manque cette culture de parti prolétarienne de la critique et autocritique de principe, la vie du parti révolutionnaire périclitera bientôt, ses initiatives seront paralysées et son attrait auprès des masses disparaîtra.

L’effet démoralisateur du mode de pensée petit bourgeois et la désorganisation de la construction socialiste en RDA.

Mao Zedong enseigne que sous le socialisme, la société de transition du capitalisme au communisme, les classes et la lutte des classes subsistent, et de ce fait la question de « qui va l’emporter » ne peut être résolue qu’au cours de plusieurs siècles. Après que les moyens de production soient devenus propriété collective sociale, il s’agit alors de faire avancer la révolution socialiste et pas seulement sur le front économique. Ce n’est que si le prolétariat s’impose aussi sur le plan idéologique et que la direction politique conquiert tous les niveaux de la société socialiste et les consolide, qu’il se rapproche de son but, l’abolition des classes. Le mode de pensée prolétarien, socialiste doit prendre le pas sur le mode de pensée bourgeois et petit bourgeois largement répandu.

Dans cette lutte le danger principal représenté par le mode de pensée petit bourgeois vient du fait qu’il est le vecteur principal de la pénétration cachée de l’idéologie bourgeoise dans la pensée et l’action de la classe ouvrière à cause de son double caractère. Si le mode de pensée petit bourgeois prend le dessus, cela signifie la fin du socialisme et la naissance d’un capitalisme d’un type nouveau, un capitalisme bureaucratique, comme cela s’est produit en Union Soviétique et en RDA. La naissance d’une bourgeoisie d’un nouveau type dans la bureaucratie du parti, de l’économie et de l’État signifie la transformation de la bureaucratie des serviteurs de l’État socialiste en maîtres bourgeois ; cette transformation ne se fait pas du jour au lendemain. Elle se réalise en trois étapes :

Première étape : la naissance d’une bureaucratie qui a la carte du Parti dans la poche.

C’est un processus qui dure des dizaines d’années jusqu’à ce que l’ensemble de la population des travailleurs prenne part à l’administration et qu’ainsi la couche particulière des spécialistes de l’administration devienne inutile. Le danger absolu vient du fait que les nouvelles conditions de vie des employés travaillant dans l’administration agissent de façon négative sur leur mode de pensée, qu’il se produise chez eux une coupure par rapport à la vie des masses et un sentiment de supériorité et de puissance. Cela se manifeste de la façon la plus évidente par la propagation d’un comportement sans cœur des cadres. La critique que l’ancien dirigeant de la commission centrale de contrôle du SED en a fait est pertinente :

« Les départements du personnel ou d’autres directions responsables d’organes importants traitent les gens de manière brutale. Ils voient seulement les dossiers, trient les prisonniers,

Ils prennent en considération l’émigration (1) et cela seul suffit pour exprimer un refus - le pire est qu’ils ne se préoccupent plus de trouver un emploi pour les camarades… Durant des mois ceux-ci courent la ville, tombent dans la misère matérielle et sont poussés jusqu’à devenir une masse de manœuvre pour l’adversaire… La méthode pratiquée jusqu’à maintenant d’un traitement schématique et non concret des personnes crée de l’insécurité et ne permet pas de démasquer les agents ennemis. Nous ne devons pas oublier que, derrière chaque dossier personnel, il y a un être vivant. » (Cité dans : Willi Dickhut,  « Que s’est-il passé ensuite ? 2° rapport concret depuis 1949 d’un ouvrier de Solingen », p. 75-76)

Deuxième étape : la dégénérescence petite bourgeoise de la bureaucratie sous le socialisme.

Un niveau de vie élevé et la présomption favorisent la dégénérescence de la bureaucratie et sa transformation en couche petite bourgeoise. Dans une revue de membres du KPD parue illégalement en 1967 sous le nom de « lettre de Spartacus », on a dénoncé l’aspiration des plus hauts permanents du SED à un style de vie petit bourgeois :

« Aujourd’hui est apparue la deuxième génération de technocrates, de « spécialistes », de

bureaucrates et d’apparatchiks. Et celle-ci est bien plus mauvaise que la première génération – sous beaucoup d’aspects elle est plus accomplie et porte déjà des traits plus affirmés d’une nouvelle classe. Ils passent directement la plupart du temps des bancs de l’école à des postes de direction et ils sont encore moins liés que leurs prédécesseurs au

  1. Il s’agit du contrôle de permanents du Parti Communiste d’Allemagne (KPD) qui durant le fascisme et la guerre ont été en captivité ou ont émigré.

peuple et à la classe ouvrière et paysanne. Ils n’ont pas de solidarité de classe dans l’esprit

de l’internationalisme prolétarien ; le travail physique est pour eux une humiliation et pour leur propre personne aussi  « anti économique ». Pour eux il n’y a que les résultats de la production qui compte, les avantages tactiques et politiques et finalement aussi leurs propres intérêts personnels. » (« Problèmes des ML en RFA », 1969, p. 17)

L’élan pour déployer l’initiative socialiste des masses en RDA a été liquidé et remplacé par une politique de figuration petite bourgeoise ou par un régime commando.

Troisième étape : le bond du socialisme au capitalisme bureaucratique.

Quand l’aspiration au pouvoir et aux privilèges de la bureaucratie dégénérée se renforce, elle

cherche comme la petite bourgeoisie à accéder à la situation de classe de la bourgeoisie. Mais

comme sous le socialisme il n’y a plus de classe bourgeoise dominante, la bureaucratie petite bourgeoise s’empare du pouvoir dans l’appareil du Parti, de l’État et des organismes économiques et abat la dictature du prolétariat. L’ensemble des bureaucrates dégénérés s’approprie collectivement les moyens de production et en dispose dans le but de s’enrichir aux dépens des masses travailleuses. Ce qui n’était au début qu’une tendance, est poursuivi maintenant systématiquement et organisé : les bureaucrates du SED se sont protégés et isolés consciemment des masses dans leurs zones d’habitations, dans leurs districts de chasse et de vacances. Ils utilisèrent l’accès aux devises occidentales (avant tout le mark allemand) et les biens de consommation de luxe pour se sentir à l’aise dans leur style de vie bourgeois.

La bureaucratie dégénérée trahit l’esprit révolutionnaire du marxisme léninisme, le remplace par des formules et des phrases et cherche à cacher aux masses sa nouvelle domination de classe sous le manteau du soi-disant  « socialisme réel ». Le révisionnisme est la base idéologique du capitalisme bureaucratique.

Mao Zedong a montré en théorie et en pratique que cette dégénérescence du socialisme n’est pas inévitable. En évaluant de façon créatrice l’expérience de l’Union soviétique comme premier pays socialiste, il a montré que le moyen décisif dans la lutte contre la bureaucratie petite bourgeoise était la mobilisation des masses au moment clef. Sous sa direction c’est ce qui a été fait dans la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne. De nombreuses révolutions culturelles seront nécessaires pour vaincre définitivement le mode de pensée petit bourgeois dans la bureaucratie par une éducation prolétarienne permanente. Dans l’organe théorique du MLPD, Voie révolutionnaire, on souligne :

« La Grande Révolution Culturelle Prolétarienne, cela veut dire :

1° La forme suprême de la lutte de classe dans la société socialiste,

2 °L’éveil et l’évolution par bonds de la conscience socialiste des masses populaires à l’aide de la critique et de l’auto critique et par l’étude des idées de Mao et leur immédiate application concrète dans la pratique.

3° La forme concrète de l’application de la dictature du prolétariat contre la bureaucratisation de l’appareil du Parti, de l’Etat et de l’économie (contre les dirigeants qui prennent la voie capitaliste),

4° La construction d’un rempart idéologico-politique contre le danger de restauration du capitalisme. » (REVOLUTIONÄRER WEG 19, p. 540)

Dans leur peur panique que l’on démasque leur trahison du socialisme, les révisionnistes modernes ont tenté de faire de Mao Zedong la caricature d’un songe creux idéaliste coupé de la réalité. Ainsi s’exprime l’auteur soviétique A. M. Roumiantsev,

« … que les « idées de Mao sont un essai de renverser la réalité de la tête aux pieds, la construction d’une maîtrise de l’être social par la conscience et par suite de l’idéalisme le plus pur. La conception maoïste du changement dans la superstructure comme ‘aspect déterminant qui change aussi le caractère du phénomène lui-même de façon correspondante’, sert de fondement philosophique facile à des ‘expériences’ volontaristes… » (A.M. Roumiantsev,  « Sources et évolution des ‘idées de Mao’ », Berlin 1973)

Mao Zedong lui répond lui-même de la meilleure façon :  

« … tout en reconnaissant que dans le cours général du développement historique le matériel détermine le spirituel, que l’être social détermine la conscience sociale, nous reconnaissons et devons reconnaître l’action en retour du spirituel sur le matériel, de la conscience sociale sur l’être social, de la superstructure sur la base économique. Ce faisant, nous ne contredisons pas le matérialisme, mais, évitant de tomber dans le matérialisme mécaniste, nous nous en tenons fermement au matérialisme dialectique … . » Mao Zedong, œuvres choisies, T I, p. 375)

Avec sa critique haineuse de Mao Zedong, l’idéaliste-marxiste-léniniste Roumiantsev a en même temps « réglé leur compte » à Marx et Lénine.

Pour Marx, contrairement à nos révisionnistes, le rapport entre l’être et la conscience est toujours un rapport dialectique. A côté de la conception matérialiste de l’histoire, selon laquelle l’être détermine la conscience, il reconnaissait aussi :

« … la théorie devient une force matérielle dès que les masses s’en emparent. » (Marx-Engels, Œuvres, ?)

Évidemment pour cela la théorie doit être en accord avec la réalité objective. C’est pourquoi Marx souligne aussitôt :

« La théorie n’est réalisée dans un peuple que pour autant qu’elle est la réalisation de ses besoins. » (Idem)

Il n’y a aucun doute que Lénine aussi a toujours fait ressortir l’importance de la conscience socialiste pour mobiliser les masses par millions. Au 8° Congrès pan russe des Soviets, il l’a décrit comme « la plus profonde pensée du marxisme qui est en même temps extrêmement simple et compréhensible » :

« Plus l’élan est grand, plus la dimension des actes historiques est grande, plus grand est le nombre d’hommes qui y participent, et inversement, plus les transformations que nous voulons achever sont profondes, plus nous devons éveiller à leur égard l’intérêt et la prise de position consciente, plus nous devons convaincre toujours plus de nouvelles personnes par millions de cette nécessité. » (Lénine, œuvres complètes, T 31, p. – souligné par S. E.)

Par contre, correspond à la conception bornée des révisionnistes modernes, l’idée qu’on peut mener les masses à résoudre les problèmes de société par des ordres bureaucratiques, le mouchardage et les avantages matériels !

L’effondrement de l’Union soviétique et de la RDA est la réponse matérialiste aux distorsions révisionnistes du socialisme et au refus de prendre en compte l’importance décisive de la conscience des masses nécessaire à tout progrès social. Les leçons de Mao sur la construction du socialisme qu’on peut résumer ainsi, se sont au contraire révélées justes : 

« Une bonne exécution du travail idéologique signifie en résumé la révélation des forces de l’homme dans la société socialiste. La puissance du système socialiste repose finalement sur cette base comme sur l’enthousiasme des larges masses pour le socialisme. Si nous sommes en mesure de faire que la force des hommes et l’enthousiasme des masses pour le socialisme s’imposent intégralement, alors les positions de notre révolution et de notre construction resteront toujours invincibles. » (Drapeau Rouge,’Hongqui’ N°5 / 64)

Un nouveau bon en avant du combat pour le socialisme véritable suppose que la classe ouvrière s’approprie les leçons que représentent les expériences historiques avec la destruction du socialisme et la banqueroute du capitalisme bureaucratique. Elle doit apprendre à distinguer le socialisme véritable du pseudo-socialisme ainsi que les vrais communistes des pseudo-communistes. Pour cela la pierre de touche scientifique n’est pas une connaissance livresque «  socialiste » formelle, mais seulement le mode de pensée prolétarien. Les marxistes léninistes doivent faire en sorte que l’ensemble de leur activité soit guidée par le mode de pensée prolétarien. C’est seulement ainsi qu’ils peuvent contribuer à ce que le mode de pensée prolétarien devienne le mode pensée dominant aussi parmi les masses et qu’il vainc tous les doutes, tous les sentiments d’impuissance et les hésitations.

Le mode de pensée prolétarien se développe

Si des avis erronés apparaissent parmi les masses, on doit les traiter aussi par la persuasion. C’est justement dans l’insatisfaction actuelle croissante sur fond du démantèlement drastique des réformes sociales qu’apparaissent non seulement les conceptions prolétariennes, mais aussi des conceptions petites bourgeoises ou même réactionnaires parmi les masses. Bien sûr, nous devons prendre position résolument contre les idées fausses. Mais pour cela nous devons utiliser en premier lieu la persuasion et partir du principe fondamental de la confiance dans les masses. Nous ne devons donc jamais oublier :

« Le peuple, le peuple seul, est la force motrice, le créateur de l’histoire universelle. (Mao Zedong, « Du gouvernement de coalition », citations, p. 146)

Il y a deux ans, quand en Allemagne une poignée de néo-fascistes en sont venus aux premières actions terroristes, les ultra réactionnaires et fascistoïdes Républicains et DVU, ont gagné un nombre considérable de voix aux élections, la petite bourgeoisie de gauche a aussitôt soutenu la thèse d’un glissement à droite et du caractère réactionnaire des masses. Les marxistes léninistes s’opposent à cette théorie du glissement à droite parce qu’elle est une caractérisation complètement unilatérale de ce qui se joue dans la conscience des masses. Mao Zedong caractérise ainsi cette ignorance petite bourgeoise à propos des masses :

« Les masses ont un immense pouvoir d’enthousiasme pour le socialisme. Ceux qui, même en période révolutionnaire, ne savent que suivre la vielle routine sont absolument incapables de discerner cet enthousiasme. Ce sont des aveugles ; tout leur parait sombre. Ils vont même jusqu’à faire passer le vrai pour le faux, le blanc pour le noir. Combien de ces gens-là n’en avons-nous pas vus ? De tels individus, qui ne savent que suivre les chemins battus, sous-estiment toujours l’enthousiasme du peuple. Quand un phénomène nouveau apparait, ils le désapprouvent, d’emblée ils s’y opposent. Puis, ils reconnaissent leur tort et font quelque autocritique. Mais, en présence d’un autre phénomène nouveau, ils se comportent encore et toujours de la même manière. C’est de cette façon qu’ils réagissent devant tout phénomène nouveau. Ces gens-là sont toujours passifs. Dans les moments décisifs, ils n’avancent jamais et ont toujours besoin d’une bourrade dans le dos pour progresser d’un pas. » (Mao, citations du Président Mao, p. 150)

Naturellement on ne doit pas sous-estimer les tendances réactionnaires et rejeter d’un revers de main le danger réel d’une évolution vers la droite. D’un autre coté on doit analyser sous tous ses aspects le développement de la conscience. C’est alors qu’il apparaît que la grande masse refuse de façon résolue la terreur néo-fasciste et le glissement à droite, et qu’elle est prête même à descendre dans la rue contre les fascistes. C’est ainsi que rien qu’entre septembre 1992 et février1993, il y a eu des grèves et des manifestations auxquelles en tout ont participé plus de six millions d’hommes en Allemagne. Il n’y avait jamais eu une telle activité large antifasciste des masses. Le mouvement antifasciste obligea le gouvernement fédéral à interdire diverses organisations fascistes et fit subir à l’engeance néo-fasciste une défaite retentissante.

Aujourd’hui on peut observer comment à partir du mécontentement croissant la recherche résolue d’une solution se développe. Depuis la dernière crise économique mondiale de 1981- 1983, le mécontentement croissant est devenu la caractéristique principale de la conscience des masses en Allemagne. Dans les trois dernières années, avant tout sous la pression d’une nouvelle crise politique et économique profonde en Allemagne après la réunification, ce mécontentement s’est considérablement renforcé et a atteint son point culminant.

Le mécontentement croissant est une étape de la conscience très contradictoire et contrastée. Elle est très fluctuante et peut se manifester autant par des opinions et des activités réactionnaires aussi bien que révolutionnaires. Dans certaines conditions il est possible que la conscience des masses se développe selon une orientation réactionnaire.

Actuellement en Allemagne grandissent avant tout les facteurs qui transforment le mécontentement croissant en orientation progressiste. Si cette orientation s’impose, sans aucun doute on arriverait à une période d’effervescence révolutionnaire comme une révolte générale des masses travailleuses contre cet ordre social.

Comme facteur le plus important je voudrais noter le réveil de la conscience de classe de la classe ouvrière sur un large front par lequel l’offensive ouvrière commence à s’imposer : rien qu’entre janvier et août 1993, 950 000 ouvriers et employés ont participé à 40 grèves d’avertissement dans le cadre de négociations salariales. 60 000 ont participé à 13 grèves salariales. Il y eu 85 manifestations ouvrières de masses et actions de protestations ainsi que des grèves autonomes réunissant en tout 450 000 participants. Cela signifie qu’au moins 1,5 millions de travailleurs et d’employés se sont mobilisés pour agir. En septembre et octobre, cette tendance s’est encore renforcée au moment où les actions de masse autonomes des mineurs et des sidérurgistes ont atteint le point culminant provisoire des conflits de classe. La grève autonome des 95 000 gueules noires de la Sarre et de la Ruhr et des 20 000 sidérurgistes ont été l’expression la plus importante jusqu’à maintenant du fait que l’offensive ouvrière s’impose de plus en plus. D’autres facteurs importants sont :

1° L’entraînement de couches arriérées de la classe ouvrière dans le combat.

2° Le développement dans les syndicats d’un large courant combatif faisant de ceux-ci dans la pratique des organisations de lutte.

3° Le lien entre les personnels de différentes entreprises se renforce et les travailleurs organisent de façon autonome leur lutte dans l’entreprise comme conflit de classe sur le plan régional et entre branches.

4° L’aile la plus combative de la classe ouvrière s’organise pour l’action « des emplois par millions » sur une base de lutte.

5° Les combats ouvriers visent de plus en plus les gouvernements et de plus en plus de collègues remettent en question l’ensemble du système social.

6° Les marxistes léninistes gagnent rapidement en influence au sein du prolétariat industriel et leurs revendications et leurs méthodes de lutte sont reprises de plus en plus par les travailleurs alors que le réformisme perd nettement en influence et rentre dans une crise ouverte.

 

L’offensive ouvrière est définie avant tout par deux périodes :

1° Par le passage de combats isolés de la classe ouvrière à des combats de masse.

2° Par le lien étroit des combats pour des revendications économiques avec les combats pour des revendications politiques. C’est à dire un combat économique et politique.

Le fait que l’offensive ouvrière s’impose signifie que les combats de la classe ouvrière prennent le caractère de la lutte de classe au sens propre.

Comme deuxième facteur important dans le développement de la conscience des masses, des éléments de la résistance populaire active sont nés, intimement liés au mouvement ouvrier. Le point de départ de cette évolution a été sans doute les grandes luttes à Rheinhausen où pour la première fois des quartiers entiers se sont mobilisés dans une résistance populaire active pour défendre les intérêts ouvriers. De la ménagère jusqu’au directeur d’école, au boulanger jusqu’au retraité tous se sont sentis provoqués et sont devenus actifs. Cet exemple a eu une influence dans d’autres domaines : dans le combat antifasciste, le combat contre les incinérateurs, le combat pour défendre les équipements sociaux et communaux etc. Le déploiement d’une résistance populaire active signifie que des couches toujours plus nombreuses de la population sont attirées dans le conflit actif avec le gouvernement de Bonn à propos de questions sociales toujours plus nombreuses.

Le lien entre le mouvement ouvrier et la résistance populaire active est d’une très grande importance parce qu’il donne au mécontentement des larges masses une claire perspective de combat prolétarienne.

Un troisième facteur de cette évolution, c’est la formation d’un nouveau mouvement de la jeunesse. La jeunesse est en pointe aussi bien dans les luttes ouvrières de ces deux dernières années que dans la résistance populaire active. En ce qui concerne l’action pratique elle constitue l’avant-garde combative.

Le nouveau mouvement de la jeunesse est l’élément le plus actif du mouvement de masse actuel et la plupart du temps sensible aux idées révolutionnaires de changement de société. Actuellement il se compose en premier lieu d’élèves et de jeunes travailleurs et exprime le rejet des Partis de Bonn et des rapports sociaux actuels. Le nouveau mouvement de la jeunesse recèle les meilleures prédispositions à se transformer en mouvement révolutionnaire des jeunes.

Pour que les trois facteurs puissent s’affirmer et se consolider dans la conscience des masses, il faut un quatrième facteur à savoir la formation d’une conscience internationaliste. Cette conscience internationaliste repose sur la reconnaissance du fait que la classe ouvrière doit s’unir sur le plan international contre les attaques du capital monopoliste international. Pour cela il y une série d’éléments importants qui doivent être développés et organisés. Ainsi le mouvement de masse antifasciste ne s’est pas exprimé que pour l’interdiction des organisations fascistes mais il a aussi inscrit sur ses drapeaux la solidarité internationale. Dans différents groupes multi nationaux commence l’organisation d’une collaboration par delà les frontières aussi bien syndicale qu’autonome et des accords pour la lutte de la part des personnels. Bien sûr, nous ne sommes qu’au début de cette conscience internationaliste avec laquelle la classe ouvrière comprend que son combat est un élément du combat de classe internationale contre les monopoles internationaux et leur système mondial impérialiste et que l’union de la classe ouvrière sur le plan mondial la rend plus forte face à l’impérialisme.

Le cinquième facteur décisif est la force d’attraction croissante de l’idée du socialisme véritable. Aujourd’hui cela s’exprime avant tout en trois phénomènes : premièrement en une tendance croissante à l’auto organisation des masses sur une base de lutte en s’affranchissant de l’influence des partis et institutions bourgeois. Deuxièmement dans la recherche d’une alternative sociale réelle sans exploitation ni oppression. Et enfin dans l’intérêt pour le MLPD et sa ligue de la jeunesse REBELL.

La conviction qu’il faut une alternative socialiste véritable influe de façon très persistante sur les fluctuations de la politique au jour le jour. C’est pourquoi gagner la majorité décisive de la classe ouvrière au socialisme véritable reste aussi la tâche fondamentale de cette période.

Dans le processus de transition du mécontentement croissant à l’effervescence révolutionnaire, le mode de pensée prolétarien doit éliminer de plus en plus le mode de pensée petit bourgeois au sein des masses. Ce n’est que dans la lutte résolue contre la prétention à diriger petite bourgeoise et contre la fabrique d’illusions des forces réformistes et révisionnistes des Verts, du PDS et des dirigeants de droite du SPD et des syndicats que la tendance prolétarienne peut se renforcer.

Ce qui garantit la solution correcte des contradictions au sein du peuple, c’est l’utilisation stricte de la ligne de masse. Le travail patient de persuasion parmi la classe ouvrière et les couches intermédiaires petites bourgeoises en vue de la seule issue viable signifie la préparation de l’alliance de combat de la classe ouvrière avec l’intelligentsia petite bourgeoise dans la lutte contre l’impérialisme.

L’effondrement du capitalisme bureaucratique en Union Soviétique et la préparation d’une nouvelle vague révolutionnaire à l’échelle internationale.

Quand le capitalisme bureaucratique en RDA en novembre 1989 et la domination capitaliste bureaucratique en Union Soviétique en août 1991 se sont effondrés, cela s’est accompagné d’une vague de l’anticommunisme moderne mise en scène sur le plan mondial. Des intellectuels petits bourgeois « objectifs » qui auparavant avaient pris position pour le socialisme, ont alors prêté en masse la main pour expliquer que l’idée du socialisme était morte et pour sommer la gauche de se prononcer pour la réforme du système capitaliste. Les partis révisionnistes se sont effondrés, de nouvelles organisations réformistes de gauche ont été créées. L’idéologue du pentagone, Francis Fukuyama, a exposé sa théorie de la « fin de l’histoire de l’humanité » à laquelle on serait arrivé avec la ruine du « socialisme réel ». Le capitalisme et sa démocratie bourgeoise auraient prouvé aujourd’hui qu’ils étaient l’ordre social le plus solide. Sur la base de cette idéologie, l’impérialisme US a fondé sa stratégie politique d’un nouvel ordre mondial sous direction des USA.

Dès 1962, Mao Zedong a parlé du développement futur :

« A partir d’aujourd’hui, les 50 ou même 100 années à venir représentent une longue période de changement radical du système social mondial, une période de bouleversement révolutionnaire mondial, une période qu’on ne peut comparer à aucune période historique passée. Nous qui vivons une telle période, nous devons nous préparer à mener de grandes luttes qui, dans la forme, se distinguent par de nombreuses caractéristiques des luttes des époques passées. » (Mao Zedong, « Documents importants de la grande révolution culturelle prolétarienne », p. 119)

Sans aucun doute, la nouvelle situation a engendré de l’insécurité dans le mouvement ouvrier international et le mouvement révolutionnaire. Alors que les marxistes léninistes qui avaient adopté sur le fond les idées de Mao Zedong, voyaient leurs positions validées dans la pratique, des organisations révolutionnaires qui, soit avaient adopté la ligne dogmatique d’Enver Hodja soit n’avaient pas rompu réellement avec le révisionnisme moderne, ont connu de sérieuses difficultés.

Un nouveau processus de formation du mouvement international marxiste léniniste et ouvrier a commencé. Une série d’organisations révolutionnaires ont capitulé ou épousé globalement la ligne de Gorbatchev, un mélange de révisionnisme et de social-démocratisme. D’autres organisations révolutionnaires ont saisi l’occasion pour examiner de façon critique et autocritique leurs positions précédentes et se sont rapprochées des idées de Mao Zedong.

Une période nouvelle s’est ouverte où on a séparé le bon grain de l’ivraie. Ce qui au début apparaissait comme une défaite du mouvement révolutionnaire a finalement montré sa nature de processus sain d’épuration des éléments chancelants, opportunistes et sectaires. Le révisionnisme moderne a dévoilé aux yeux des masses du monde entier son impuissance fondamentale. Dans ce contexte il est possible et nécessaire que le marxisme léninisme et les idées de Mao Zedong infligent une défaite définitive au révisionnisme moderne.

C’est ainsi que le terrain sera préparé pour un nouvel élan révolutionnaire vers le socialisme véritable qui ne peut être fondé, dans les pays dépendants, que sur la voie socialiste de libération nationale et, dans les pays impérialistes, que sur la destruction de la domination impérialiste.

Ce n’est qu’avec le mode de pensée prolétarien qui s’approprie la pensée de Mao Zedong qu’on peut reconnaître cette nouvelle situation, qu’un se divise en deux, que ce qui est nouveau s’imposera contre ce qui est vieux. Les éléments petits bourgeois et les révisionnistes modernes poussent les hauts cris et, dans une ambiance de fin du monde, ne parlent que de la « crise du socialisme ». En revanche grâce à l’arme affûtée des idées de Mao Zedong, les marxistes léninistes doivent faire du mode de pensée prolétarien le fondement de leur activité révolutionnaire et préparer ainsi le nouvel essor révolutionnaire dans la lutte pour le socialisme à l’échelle internationale.

 

Vive les idées de Mao Zedong.

Vive le mode de pensée prolétarien, base d’une construction du parti couronnée de succès, de la lutte de classe prolétarienne et de la construction du socialisme/communisme !

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