Développer nos points forts et surmonter les obstacles auxquels nous serons encore confrontés
Traductions existantes
- Unsere Stärken ausbauen und die Grenzen überwinden, an die wir noch stoßen
- Expand our strengths and overcome the limits we still run up against
- Desarrollar nuestras fortalezas y superar los límites con los que aún chocamos
- Développer nos points forts et surmonter les obstacles auxquels nous serons encore confrontés
- Развивать наши силы и преодолеть пределы, на которые мы ещё наталкиваемся
Actuellement, on a l’impression que les dirigeants sont quelque peu désorientés. Qu’est-ce qui se passe ?
Les monopoles au pouvoir avaient parié, tout à fait confiants dans la victoire, sur une coalition CDU/CSU/FDP dirigée par Armin Laschet comme chancelier. De plus, ils avaient un programme de revendications clair : retraites à partir de 70 ans, coupes dans le droit du travail, réductions d'impôts pour les monopoles, report des charges économiques et écologiques de la crise sur les masses populaires, démantèlement des droits de protection de l'humain et de la nature encore existants. Mais le gouvernement de choix des monopoles a échoué auprès des masses. Avec 24,1 %, les CDU/CSU ont obtenu leur pire résultat dans une élection fédérale. Elles ont perdu 4,1 millions de voix. Depuis des semaines, la CDU vacille au bord d'une crise ouverte du parti. Mais même le dit vainqueur des élections, le SPD, n'a obtenu que son quatrième plus mauvais résultat avec 25,7 %. Dans tous les cas, il y aura un chancelier qui n'aura pas été élu par plus de 70 % des électeurs ayant le droit de vote. « La formation d'un gouvernement devient de plus en plus compliquée… », a pronostiqué à juste titre Stefan Engel dans son livre « La crise de l'idéologie bourgeoise et de l'anticommunisme »1.
De plus en plus de représentants des monopoles se tournent maintenant vers un gouvernement SPD/Verts/FDP. Faire passer Laschet comme chancelier serait difficilement accepté par la population. Mais les exigences des monopoles sont là et leur mise en œuvre doit d'abord être vendue à leurs électeurs et électrices par le SPD, les Verts et le FDP. Pour ce faire, ils doivent tous faire des concessions considérables et rompre plus ou moins ouvertement beaucoup de leurs promesses électorales. Pourtant, leur soutien n'est déjà pas vraiment stable et ils n'ont souvent pas été élus par conviction non plus. Dans un sondage réalisé par l'Institut Allensbach début septembre, 53 % des personnes interrogées ont même déclaré explicitement qu'elles ne voteraient que pour le « moindre mal ». Les entretiens exploratoires et les négociations de coalition ne sont pas seulement une lutte acharnée pour leurs propres positions et postes, mais aussi une vitrine pour modifier le système du mode de pensée petit-bourgeois. C'est ce que représentent des expressions illusoires comme « réveil », « restructuration éco-numérique de la société » ou « transformation socio-écologique »
Depuis un certain temps, le MLPD parle d’une évolution vers la droite du gouvernement. Le prétendu nouveau départ y met-il fin ?
Sur le fond, le futur gouvernement ne peut renoncer à la droitisation. Car celui-celle-ci est une réponse à l'intensification des contradictions inter-impérialistes et vise à empêcher le revirement de l’état d’esprit progressiste de se transformer en fermentation révolutionnaire. Néanmoins, cette élection a également été un vote contre des fauteurs de trouble ultraréactionnaires comme le ministre de l'Intérieur Horst Seehofer, ou Armin Laschet avec son démantèlement de droits et libertés démocratiques bourgeois en Rhénanie-du-Nord-Westphalie (RNW). L'AfD2 aussi a perdu 18 % de ses voix à l'échelle nationale, ce parti révèle des luttes d'aile toxiques et une crise aiguë au sein de sa direction. L'évolution vers la droite aura des nuances changeantes, si nécessaire. L’Alliance 90 / Les Verts, par exemple, veulent un cours plus dur contre la Chine et la Russie. Le FDP veut augmenter les dépenses d'armement. Le renforcement des Lois sur les tâches de police a été et sera également soutenu par les futurs partis gouvernementaux.
Tout compte fait, était-il approprié d'entrer dans la campagne électorale avec un livre philosophique et un programme électoral intitulé « Socialisme » ? N'aurait-il pas été préférable de n'avoir que des demandes « proches du peuple » ?
Pour faire le point, il faut d'abord connaître le critère qui permet de juger notre offensive tactique. Pour nous il s’agissait de mener notre campagne au service de la conscientisation « Pour le véritable socialisme » et « Aucune chance à l'anticommunisme ! ». Nous y sommes parvenus ! Nous avons fait usage des possibilités élargies ‒ bien que désormais très limitées ‒ de participation électorale. Ce sont également les moments où les gens font le plus des réflexions politiques.
Bien entendu, il est contraire aux critères du parlementarisme bourgeois de placer l'offensive de distribution du 36e numéro de notre organe théorique Voie révolutionnaire « La crise de l'idéologie bourgeoise et de l'anticommunisme » au centre de dizaines de milliers de conversations. Mais nous avons consciemment décidé, cette fois-ci, au vu de la confusion sociétale, de consacrer plus d'espace et de temps à des conversations et des rencontres profondes et convaincantes. Nous discutons de manière systématique la nécessité urgente de penser au-delà du cadre capitaliste, face à la tendance du système impérialiste mondial à produire des crises. Nous avons aidé à se débarrasser du mode de pensée petit-bourgeois anticommuniste et exigé de mener une discussion factuelle et constructive sur le socialisme et le communisme authentiques comme solution aux problèmes de l'humanité. Nous avons lié ces questions plus fondamentales à de multiples préoccupations, revendications et luttes concrètes des masses populaires. En outre, nous avons démasqué et attaqué le parlementarisme bourgeois.
Nous avons pu constater une réceptivité croissante, notamment parmi les travailleuses et travailleurs et leurs familles. Près de 5 500 personnes ont maintenant acheté le livre. Depuis sa publication, des groupes de lecture ont été créés dans de nombreux endroits et 45 présentations du livre avec des débats animés ont été organisées. Mais en Allemagne, l'anticommunisme est la religion d'État. La conscientisation contre ses effets est, bien entendu, un processus qui s'étend sur des décennies. C’est avant tout une lutte de masse pour le mode de pensée. L’anticommunisme a pu prendre pied dans la classe ouvrière et les larges masses principalement par le biais du mode de pensée petit-bourgeois et ceci comme mode de pensée petit-bourgeois anticommuniste. D'un point de vue stratégique, nous avons gagné beaucoup de terrain dans ce processus de clarification. Agir ainsi était juste, même si nous savons qu'une discussion de masse sur le socialisme ne permet pas encore de gagner des votes de masse. Mais nous ne voulons pas non plus gagner les élections, nous voulons préparer une révolution. À ce sujet, nous avons constaté une ouverture et un attachement chez une minorité croissante.
À cet égard, nous sommes satisfaits de notre campagne électorale. Mais le public sociétal a également remarqué que nous avions défini des caractéristiques uniques. Par exemple, la station de radio politique la plus influente, Deutschlandfunk, a constaté : « Les slogans (de la campagne électorale) sont interchangeables ... et ne laissent même pas en partie deviner qu'ils proviennent de l'année 2021. En d'autres termes, une année où les crises s’entassent... Les affiches du ... MLPD montrent qu'il existe une autre voie. On y lit : " Rien que des crises, une seule solution : le socialisme ", ou " Rien que des crises, une seule cause : le capitalisme ". ... Mais au moins c'est une opinion sur laquelle on peut prendre position ! »3 Alors que jusqu'à présent, l'anticommunisme en tant que religion d'État semblait presque inattaquable, Süddeutsche Zeitung a écrit le 4/9/2021 : « L'anticommunisme, qui a été pendant des décennies le ciment de la société ouest-allemande, se prête-t-il encore à une instrumentalisation politique ? ... " Mais à un moment donné, il (l'anticommunisme) mourra aussi ". (Eppler) On va maintenant savoir si le moment donné s'est rapproché. »
Il faut supposer que c’est le cas ! L'anticommunisme est en train de réagir par des attaques aussi furieuses précisément parce qu'il perd du soutien dans la population. Nous avons mené une campagne de rue agile avec plus de 300 rassemblements, 193 défilés de rue, 415 autres actions à proximité des lieux de travail et 404 dans les zones résidentielles, 248 dans les centres-villes et 48 dans les universités. Nous avons présenté 145 candidat.e.s direct.e.s dans 48 % des circonscriptions. L'enracinement des représentants marxistes-léninistes ne peut être sous-estimé pour la future lutte de classe. La Liste internationaliste / MLPD est donc devenue de plus en plus un facteur incontournable. Comme jamais auparavant, d'autres organisations de l'alliance et leurs représentants y ont contribué également de façon déterminante et enthousiaste, en co-rédigeant le programme électoral, en effectuant un travail d'alliance et en apportant des contributions culturelles.
En même temps, nous sommes encore un parti relativement petit et pour beaucoup encore inconnu. Dans toute l'agitation de la campagne électorale, il y a toujours le danger de refouler le débat idéologique. Cette fois, nous avons réussi à déclarer la guerre à cela, même s’il n'a pas toujours été le principe directeur. Nous continuerons à améliorer et à entrainer cette lutte idéologique pour le mode de pensée à l'échelle des masses.
Le résultat du vote pour le MLPD correspond-il à son influence sociale ?
Pas du tout ! Au total, environ 41 000 électeurs nous ont accordé leur premier ou deuxième vote en tant que « votants minimaux ». Les élections sont de plus en plus menées avec des méthodes manipulatrices. Ainsi, elles sont de moins en moins un véritable indicateur de la conscience des masses populaires. Par le biais d'une course de tête-à-tête supposée déterminante entre Laschet et Scholz, les dirigeants sont parvenus à mobiliser massivement le mode de pensée petit-bourgeois parlementaire. Surtout dans la variante du vote tactique. Cela pouvait ‒ au moins en termes de comportement électoral ‒ superposer partiellement l'ouverture et la sympathie à l’égard du MLPD en tant qu'alternative socialiste. De nombreuses personnes aux visées progressistes ont voté à contrecœur pour le SPD ou les Verts parce qu'elles voulaient à tout prix empêcher Laschet et les CDU/CSU. Scholz et les Verts ont ainsi pratiquement absorbé le revirement de l’état d’esprit progressiste. En conséquence, les partis que les masses populaires classent comme étant à la gauche du SPD ont perdu des voix à une plus grande échelle. Surtout, le Linkspartei [parti de gauche] a perdu 50 %. Dans le mode de pensée petit-bourgeois parlementaire, la clause antidémocratique des 5 % joue aussi un rôle majeur, selon la devise « vous ne serez pas admis de toute façon ». En même temps, la campagne électorale avec 47 partis a offert un large spectre de manoeuvres de confusion idéologique, par exemple à travers le mouvement Querdenker4. Il y avait 3 360 candidats directs ‒ en hausse de 31 % par rapport à 2017 ‒ notamment de « Die Partei » [Le Parti], de la « Basis » [base] des Querdenker ou des « Freie Wähler » [Électeurs libres], qui ont eux aussi fortement divisé les premières voix.
Le MLPD était le parti le plus combattu lors de la campagne électorale, à commencer par la tentative du responsable fédéral des opérations électorales d'empêcher notre candidature. Même si la campagne anticommuniste des CDU/CSU ainsi que des forces autour de l'AfD n'a pu convaincre positivement personne, il faut constater qu'elle a aussi mobilisé le mode de pensée petit-bourgeois anticommuniste et en a déconcerté plus d’un. L'anticommunisme qui, ces dernières années, s'est clairement intensifié contre le MLPD malgré toute l'indignation suscitée par les attaques et la sympathie pour notre fermeté, a également un effet intimidant. Des discussions ça et là dans la rue ne sauraient y contrevenir. Dans le même temps, la politique d'isolement du MLPD a même été renforcée par les médias bourgeois. Ainsi, dans les journaux nationaux et à la télévision, nous étions presque constamment traités comme inexistants.
Les forces dominantes sont-elles repassées à l'offensive avec ces mesures ?
On ne peut pas dire cela. Cela fait plutôt partie de la crise de l'idéologie bourgeoise qu'elles ont besoin de ces mesures. En Autriche, nous sommes en train de faire l'expérience des profondeurs les plus cachées de la manipulation de l'opinion. Sebastian Kurz ne serait probablement pas devenu chancelier autrichien lors des nouvelles élections d'octobre 2017 sans une manipulation massive de l'opinion publique. Il a littéralement acheté des sondages qui lui sont favorables et la couverture médiatique qui en découle ‒ par le biais de publicités financées par le ministère des Finances avec l'argent des contribuables. En Allemagne aussi, le FDP, par exemple, a utilisé le micro-ciblage pour manipuler l'opinion : avec ce modèle commercial, exploité entre autres par Facebook, chaque électeur potentiel reçoit exactement ce qu'il veut entendre, affiché comme une publicité. Les personnes intéressées par le climat ont reçu des slogans du FDP promettant la protection du climat. Ceux qui étaient sceptiques quant à la protection du climat ont reçu une publicité au contenu opposé.5 Dans les deux cas, il fallait voter pour Christian Lindner. Cela montre non seulement les méthodes manipulatrices de ces personnes mais aussi leur opportunisme sans fond. Mais cela se retournera contre eux si tout le monde les mesure à l'aune de ce qui leur avait été promis. La corruption légale sous forme du financement des partis est encore plus étendue, puisque 190 millions d'euros par an, provenant uniquement de l'argent des contribuables, vont directement aux partis bourgeois, plus 660 millions d'euros (en 2019) aux fondations affiliées aux partis. La soi-disant égalité graduelle des chances6 et la manière dont on utilise les sondages d’opinion sont aussi manipulatrices, et encore bien d’autres choses.
Le résultat du vote de la Liste internationaliste / MLPD est-il donc totalement inintéressant ?
Non, évidemment, nous sommes également intéressés par les détails des connaissances que nous pouvons tirer des résultats relatifs. Par rapport à 2017, le résultat des votes de la Liste internationaliste / MLPD a diminué d'environ 40 % en ce qui concerne les votes pour les listes et de 30 % pour les mandats directs. D'autant plus chaque vote en faveur du MLPD dans cette jungle de partis était un vote très conscient et obtenu de haute lutte. En outre, les résultats des élections montrent que nous avons pu gagner des voix là où nous avons concentré nos forces, en combinaison avec divers facteurs objectivement favorables.
Dans presque toutes les circonscriptions de Thuringe, nous avons gagné des voix, et nous sommes passés en moyenne de 145 à 202 voix par 100 000 électeurs. Une particularité est que nous y avions concentré nos forces à l'échelle nationale sur une période prolongée en y construisant systématiquement le parti. Une autre est qu'en Thuringe, les critiques sont particulièrement développées à l'égard du Linkspartei [Parti de gauche], qui fournit le premier ministre, mais aussi à l'égard des Verts ainsi que du SPD, qui font aussi partie du gouvernement. De surcroît le DKP ne s'est pas présenté aux élections. Il y a eu d'autres points de concentration de notre travail systématique d'implantation où nous avons pu réaliser des gains. Dans les meilleurs bureaux de vote, nous avons obtenu entre 2 et 6,1 %. Cela montre comment nous pouvons, par notre travail, convaincre les gens de voter pour nous – mais en même temps aussi que nous n'avons pratiquement pas obtenu de votes spontanés.
Dans une vidéo après les élections, tu as aussi parlé de faiblesses « faites maison ». De quoi s'agit-il ?
Nous n'avons pas réussi à concentrer toute la campagne électorale en particulier sur les jeunes. L'idée de ne pas faire une campagne électorale spéciale pour les jeunes, afin que tous s'adressent aux jeunes, n'a pas été réfléchie jusqu'au bout et a aussi été, en partie, mal interprétée. Comme résultat, il n'y a pas eu de stratégie et de tactique autonomes et bien conçues du travail après des jeunes dans cette campagne électorale. Il est vrai que nous avons ciblé les jeunes et presque toutes les unités au niveau des districts et locales ont commencé à mener de manière systématique des actions devant les écoles, notamment les écoles professionnelles et les ateliers de formation. À certains endroits, nous avons également mené des activités auprès de la jeunesse, comme des concerts pour les jeunes, et nous avons gagné un certain nombre de jeunes supporteurs et membres, mais loin de la quantité prévue.
Chez les jeunes, il y a une polarisation déployée autour des bonnes conclusions à tirer du chaos de crises dans lequel ils grandissent. Donc, d'une part, l'ouverture d'esprit envers le MLPD, Rebell et le socialisme est particulièrement élevée chez les jeunes. En même temps, tout un système d'organisations et d'institutions influence systématiquement la jeunesse afin de diffuser les modes de pensée petit-bourgeois individualiste et petit-bourgeois anticommuniste. Les attaques du courant liquidateur pilotées par les services secrets étaient spécialement dirigées contre notre influence parmi les jeunes, comme dans les manifestations des Fridays for Future (FFF) ou par les Anti-allemands7 dans le mouvement antifasciste. Explicitement, l'aversion marquée pour s'organiser et l'idéologie de la non-idéologie portent leurs effets à partir du mode de pensée petit-bourgeois anti-autoritaire, comme si le socialisme était obsolète et le marxisme-léninisme une pure propagande. Ici aussi, nous pouvons voir l'interaction étroite de la manière dont, sur la base du mode de pensée petit-bourgeois, l'anticommunisme peut faire de l'effet en tant que mode de pensée petit-bourgeois anticommuniste.
Le fait que, selon Infratest Dimap, la CDU n'ait obtenu que dix pour cent des voix chez les primo-votants (en 2017, elle en a encore obtenu 25 %) est l'expression d'une critique du développement vers la droite. Les Verts ont reçu le plus de votes de la part des jeunes, souvent en lien avec l'illusion de voter pour le parti de la protection de l'environnement. Le FDP était à égalité avec les Verts, avec également 23 % de nouveaux électrices et électeurs. Bien que le FDP ait un programme monopolistique prononcé, il s'est donné une image « moderne » avec des revendications de liberté, de numérisation et de progrès, de droits pour les gays et les lesbiennes ou de légalisation du cannabis. Il promeut ainsi massivement une conception petite-bourgeoise de la liberté et le mode de pensée petit-bourgeois parmi les jeunes. Il faut donc ici mener une lutte intensive pour le mode de pensée qui s'adresse en particulier aux jeunes.
De même, par moments, les principes d'une offensive tactique n'ont pas été suivis de manière cohérente dans notre travail. Par exemple, lorsque dans notre travail de parti sur le Festival de musique rebelle, nous avons porté atteinte à la concentration correcte des forces et à la mobilisation offensive. Nous continuerons également à apprendre dans notre agitation et notre propagande. Nous avons disposé d'un certain nombre de moyens convaincants, tels que notre journal électoral, le programme électoral, un certain nombre de films et une campagne électorale sur Internet considérablement élargie. De même, une campagne électorale de personnes avec beaucoup de bons prospectus de candidat.e.s. Mais là aussi, beaucoup de choses sont arrivées trop tard et certains arguments n'étaient pas encore totalement convaincants.
En termes de méthodes, les défilés dans les rues, combinés aux visites à domicile, et la ligne directrice consistant à remettre nos matériels imprimés tout abord en personne, se sont avérés très efficaces et sont devenus de plus en plus la norme. Le théoricien militaire Carl von Clausewitz avait décelé comme la caractéristique essentielle de toute offensive : « Plus le défenseur se montre faible moralement, plus l'assaillant devrait se montrer hardi. »8 Les politiciens bourgeois n'ont pas manqué de faire preuve de faiblesse morale, ce que nous avons attaquée par conséquent. Mais notre agressivité polémique et notre exactitude du tir n'étaient pas encore suffisamment développées.
Nous devons également améliorer les délais préalables dans tous nos travaux, au lieu de planifier beaucoup de choses à court terme. L'une des clés est l'approche scientifique qui, consciemment et en temps utile, répart et entraîne les forces avec une stratégie et une tactique délibérées et, surtout, en gagne toujours de nouvelles. Évaluer tout cela en profondeur et l'améliorer feront partie de notre tâche actuelle, qui est d'« assurer la victoire ». Malgré tout cela, il n'y a sans doute aucun parti qui ait mené, par rapport à ses forces, une campagne électorale dans les rues, dans les quartiers résidentiels, devant et dans les entreprises, tellement fort dans la mobilisation, attrayant, reposant sur une grande masse d'aides et par des activités entièrement bénévoles ‒ et tout cela par dessus le marché contre un tel vent contraire !
Est-ce que tu t'attends à des temps politiques plus stables à l'avenir ?
Non, au contraire. Quel genre de nouveau départ est-ce pour le gouvernement où, dans cette situation de crise générale, on n'égratigne même pas les effets les plus flagrants des crises capitalistes ? La crise environnementale mondiale s'aggrave dramatiquement pour devenir une catastrophe écologique mondiale. Apparemment, plusieurs points de basculement irréversibles ont déjà été atteints, comme la fonte de la calotte glaciaire à l'ouest du Groenland. Avec 82,4 millions de réfugiés dans le monde aujourd'hui, l'Agence des Nations unies pour les réfugiés prévoit 200 millions de « réfugiés climatiques » à l'avenir9. La pandémie de Corona s'est répandue dans le monde entier. Au moins 237 millions de personnes ont été infectées à ce jour et 4,9 millions de décès ont été officiellement recensés. Dans plusieurs pays, dont la Russie, les chiffres augmentent à nouveau de façon spectaculaire. La campagne militaire de l'OTAN en Afghanistan s'est terminée par une débâcle ouverte. Le danger de guerre général s'accroît, notamment entre les principaux rivaux impérialistes que sont les États-Unis et la Chine.
Le nouveau phénomène de la pénurie d’approvisionnement apparaît dans l'économie mondiale. De quoi s'agit-il ?
Nous sommes confrontés à une crise sans précédent des matières premières et de la logistique ! Tout d'abord, elle repose sur le fait que la crise économique et financière mondiale, éclatée à la mi-2018, est loin d'être terminée. La production industrielle et le produit intérieur brut (PIB) dans les pays impérialistes les plus importants, à l'exception de la Chine et de la Corée du Sud, sont toujours inférieurs à leur pic d'avant la crise en 2018/2019. L'intensification de la concurrence internationale qui va jusqu'à une bataille d'anéantissement, a plongé la nouvelle organisation de la production internationale dans la crise. Cette situation se traduit également par une pénurie importante au niveau de l'approvisionnement, ce qui en revanche ne fait qu'exacerber la crise économique et financière mondiale. Les hauts et les bas chaotiques de l'économie mondiale capitaliste, en interaction avec le développement ondulatoire de la pandémie de Corona, empêchent la livraison et l'utilisation programmées des biens. Cela se voit, par exemple, dans les conteneurs empilés dans certains ports.
Dans le cadre de la division progressive du travail, fondée sur la prémisse du profit maximum et du leadership sur le marché mondial, la production a été concentrée à l’échelle mondiale sur un petit nombre d'installations de production avec une utilisation maximale de leurs capacités. 73 % de la capacité de production de puces, par exemple, se trouvent dans les quatre pays asiatiques que sont le Taïwan, la Corée, le Japon et la Chine. S'il y a des perturbations ou des préférences concurrentielles sur le destinataire de la livraison l'impact est énorme. La crise globale tous azimuts met à mal les chaînes d'approvisionnement conçues pour la production au plus juste : Des ports importants en Chine ont dû être fermés pendant des semaines en raison de la pandémie de Corona. Les incendies de forêt et les inondations perturbent d'importantes artères de circulation.
Les grèves dans ce secteur ont également un impact important. La crise des routes commerciales et des chaînes d'approvisionnement est également le résultat de guerres commerciales avec des sanctions croissantes. Déjà en 2019, les droits de douane des États-Unis sous Trump sur le silicium et les restrictions commerciales du Japon ont entraîné une pénurie des wafers, plaquettes semiconductrices et pré-produits des puces10. En 2020, les États-Unis ont mis sur liste noire le plus grand producteur de puces chinois SMIC et 56 autres monopoles chinois, ce qui restreint considérablement les possibilités des affaires internationales. Dans une certaine mesure, cependant, la crise des puces sert aussi de prétexte et est exploitée effrontément pour percevoir des allocations de chômage partiel en Allemagne. Le fait que les installations industrielles soient à l'arrêt au plan mondial est un constat de faillite du capitalisme face à l'énorme potentiel d'une production coordonnée au niveau mondial et basée sur les technologies numériques. Seule une économie socialiste planifiée peut utiliser les progrès des forces productives révolutionnaires dans l'intérêt de l'humanité.
Cependant, avec la politique de l'argent bon marché, une gestion de crise unique a été mise en place. Cela n'a pas d'effet ?
C'est précisément par l'effet de ces mesures que l'on peut voir comment la gestion de crise des dirigeants est elle-même entrée en crise. Leurs mesures préparent toujours de nouvelles crises encore plus profondes. Le fait que les mesures soient principalement de nature nationale ne fait qu'exacerber les problèmes internationaux. La politique de l'argent bon marché n'a précisément pas permis de réaliser les investissements nécessaires à la relance promise de l'économie. Au lieu de cela, ces fonds ont été placés dans la spéculation, qui s'est gonflé à l’immensurable, et ils ont en même temps considérablement alimenté la dette nationale et l'inflation. Déjà, de nouvelles distorsions apparaissent dans les secteurs financier et immobilier et de gigantesques bulles spéculatives menacent d'éclater.
Le taux d'inflation a officiellement atteint 4,1 % en septembre par rapport au même mois de l'année dernière, soit le niveau le plus élevé depuis 28 ans. Les coûts de l'énergie ont augmenté de 14,3 % dans l'ensemble.11 En août, les prix des produits alimentaires agricoles étaient de 13,3 % supérieurs à ceux de l'année précédente. Les ménages à revenus faibles sont les plus durement touchés. C'est pourquoi la lutte pour des salaires et des rémunérations plus élevés, pour un rabiot salarial, mais aussi pour une augmentation significative des différentes prestations sociales, prend également une importance considérable. La question des loyers et des charges locatives continuera à gagner ainsi en force explosive.
Certes, malgré toutes les crises, le système du mode de pensée petit-bourgeois n'est pas arrivé à son terme. Les forces dominantes ont payé assez cher les mesures prises contre la perte de confiance dans la crise économique et financière mondiale, dans la crise de Corona et, une fois de plus, durant la phase finale de la campagne électorale. Depuis début 2020, rien que pour les allocations de chômage partiel prolongées à plusieurs reprises, 38 milliards d'euros ont coulé du budget fédéral. Là, ils agissent également comme une subvention massive aux monopoles.12
30 milliards d'euros ont été promis aux victimes des inondations. Mais l'augmentation gigantesque de la dette nationale pour la gestion de la crise est une fausse solution, car elle limite à son tour les possibilités budgétaires pour les mesures prises par les dirigeants pour atténuer les crises. La facture est ensuite présentée aux masses. 40 % des entreprises de plus de 500 salariés prévoient de supprimer des emplois encore cette année.
Il ne faut pas surestimer les escarmouches tactiques et les hauts et bas concrets de la politique quotidienne. Les problèmes économiques, écologiques, idéologiques et sociaux refoulés sont fondamentalement insolubles dans le cadre du capitalisme. La gestion de crise est un désastre non seulement sur le plan politique et économique, mais aussi sur le plan idéologique. Le pragmatisme tant vanté de la « conduite à vue » est en fait une déclaration de capitulation. Il déclare que réagir pour éviter les pires effondrements est le seul moyen encore disponible.
Quels sont les nouveaux aspects qui se développent dans l'évolution de la conscience de classe de la classe ouvrière et comment le MLPD influence-t-il cela ?
Ce qui était nouveau, c'est que des activités militantes des travailleurs de l'industrie ont éclaté au milieu de la campagne électorale au Bundestag13. Elles expriment une conscience syndicale renforcée, contrairement au slogan courant selon lequel on ne peut pas lutter dans la crise. Elles étaient souvent explicitement orientées contre l'esprit de la collaboration de classe qui vise à imposer des reculs. Le GDL14 [syndicat des conducteurs de train] ne s'est pas laissé impressionner par l'agitation anti-ouvrière, en partie anticommuniste, pendant sa grève. Les travailleur.se.s de la Charité15 et de Vivantes16 à Berlin ont fait grève ensemble pour la première fois à cette échelle. Cette grève avait également un contenu politique, puisqu'elle était dirigée contre le manque criant de personnel dans les hôpitaux pendant la pandémie et contre le gouvernement du Land de Berlin, composé du SPD, de Bündnis 90 / Die Grünen [Alliance 90 / Les Verts] et du Linkspartei [Parti de gauche].
Le 17 septembre, 12 000 travailleur.se.s d'Airbus Group à Augsbourg, Brême, Buxtehude, Hambourg, Nordenham, Stade et Varel ont participé à une grève d'avertissement d'une journée à l'échelle du groupe. Dans le cadre de ces luttes syndicales, des éléments de plus en plus autonomes se sont développés. Le MLPD et ses cellules d'entreprise font un travail quotidien dans les entreprises monopolistes les plus importantes et les syndicats depuis des décennies. Ils sont à la tête de ces luttes et encouragent la lutte à l'échelle des groupes dans l'esprit de l'offensive ouvrière ‒ même au-delà des frontières nationales. Le mouvement populaire a également vu le renouveau des protestations, notamment la lutte contre les loyers élevés et le mouvement écologiste des jeunes, avec plus de 620 000 personnes participant à la journée d'action des Fridays for Future (FFF) le 24 septembre.
Immédiatement après les élections au Bundestag, Opel/Stellantis a annoncé de ne plus redémarrer l'usine d'Eisenach pour le moment, prétendument en raison de la « crise des puces électroniques ». De surcroît, ils reçoivent encore sans gêne l'allocation de chômage partiel jusqu'à la fin de l'année. En même temps, ils ont commencé à vider l'usine. Tout indique qu'une fermeture de l'usine est imminente et que la délocalisation de la production à Sochaux en France est prévue depuis longtemps. Étonnamment, il y a apparemment assez de puces pour la production là-bas. Comme fruit des années d'efforts pour parvenir à une cohésion transfrontalière, aussi des syndicalistes de l'usine « concurrente » de Sochaux ont immédiatement déclaré leur solidarité avec les travailleur.se.s chez Opel à Eisenach. La condition décisive pour passer à l'offensive est d'en finir avec les illusions petites-bourgeoises réformistes de la soi-disant transformation, et en particulier avec le mode de pensée petit-bourgeois anticommuniste au sein des personnels.
Il est également temps de cesser d'accepter qu'il n'existe pas de droit de grève intégral, universel et légal dans un pays qui se présente comme un élève modèle de la démocratie dans le monde entier. Au lieu de suivre la publicité radicale en paroles de certains dirigeants syndicaux réformistes en faveur de conventions collectives sociales, il faut intensifier les initiatives pour le droit de grève. Les conventions collectives sociales visent essentiellement à prévenir les luttes. Cette capitulation est justifiée par l'idée qu'il faut au moins tirer le maximum de la liquidation des usines et des emplois.
Le MLPD ne suit donc pas la directive de rayer la classe ouvrière de ses papiers ?
Précisément contre la conscience de classe et la confiance en soi nécessaires de la classe ouvrière, les forces alignées sur le postmodernisme animent un mode de pensée petit-bourgeois-négativiste. Selon ce dernier, « le temps des grandes grèves est révolu » ou « les travailleurs ne peuvent de toute façon rien changer aux plans ». Cela conduit à la capitulation et à la réconciliation avec les approches réformistes.
Ce n'est pas notre affaire ! En effet, le temps des capitalistes monopolistes corrompus qui plongent le monde dans les crises est révolu. Le MLPD va même étendre de manière significative son travail au sein de la classe ouvrière. Notre offensive tactique a envoyé des signaux importants à cet effet. Lors d'au moins 69 rassemblements et 415 autres actions électorales ou bien rassemblements aux portes de grandes entreprises, on a enregistré des taux d'acceptation du matériel de notre campagne électorale bien supérieurs à la moyenne, des conversations approfondies et des centaines de nouvelles connexions. Dans le même temps, l'AfD a obtenu une part disproportionnée de votes parmi les travailleurs et leurs familles lors des élections. Cela montre que nous devons faire encore mieux en matière de conscientisation pour aider les travailleurs à faire face à l'influence de la démagogie völkisch17 comme celle de l'AfD en tant que nouvelle variante réactionnaire de la politique de collaboration des classes.
Dans la région de Basse-Saxe orientale avec les grandes usines de Volkswagen (VW), nous avons pu davantage renforcer le MLPD, en nous appuyant sur notre travail quotidien précédent. Les forces dirigeantes ont réagi de manière particulièrement allergique à notre enracinement croissant dans les grandes entreprises. Il y a eu plus de 30 interventions policières contre nos actions électorales, notamment devant les portes d'usines. Un recours urgent du MLPD contre l'interdiction d'une action électorale devant VW à Hanovre a conduit à une décision de justice manifestement réactionnaire, qui a été confirmée par des instances supérieures : ouvertement, la protection de la propriété privée des moyens de production est placée au-dessus du droit aux libertés de réunion, d'opinion et de la presse. Le Betriebsverfassungsgesetz [Loi constitutionnelle sur l'entreprise] réactionnaire, qui interdit toute activité politique sur le lieu de travail, doit être explicitement étendue aux zones situées devant les usines. Ainsi, lors de divers rassemblements, les représentants de VW ont donné des instructions à la police sur la manière de traiter le MLPD. C'est la dictature des monopoles et la justice de classe en direct.
Le MLPD a remporté d'importants succès dans la lutte contre des répressions anticommunistes. Comment le juger ?
Une culmination très importante a été le fait que la classification en tant que perturbateur présumé de Stefan Engel, notre président de longue date et maintenant dirigeant de l'organe théorique, ne soit finalement plus d'actualité. Il a d'abord fallu des luttes acharnées pour faire admettre cette bataille juridique. Mais ce n'est pas la fin de son traitement comme perturbateur présumé. Dans ce contexte, de nouveaux scandales ne cessent d'éclater au grand jour. Stefan Engel et Monika Gärtner-Engel ont par moments été recherchés dans toute l'Europe parce qu'ils auraient représenté une menace grave pour « la sécurité intérieure et extérieure » de l'Allemagne. Les deux ont vu leurs comptes résiliés. Le MLPD, en particulier ses principaux représentants et son travail internationaliste, est rapproché sans vergogne, de façon délibérément mensongère et démagogique du soutien au terrorisme international.
Dans l'ensemble, il s'agit des attaques les plus importantes contre les droits de notre parti jusqu'à présent, dans le contexte du changement concret de tactique des dirigeants face au MLPD. En l'occurrence, nous allons encore faire la lumière sur l'obscurité des services secrets et riposter de manière offensive aux attaques. Bien sûr, tout cela fait partie intégrale du mouvement « Aucune chance à l'anticommunisme ». En effet, l'anticommunisme est également dirigé contre toute personne progressiste et démocratique qui critique fondamentalement les relations de domination et s'engage sérieusement dans la lutte contre celles-ci. En même temps, c'est l'affaire de tout démocrate si les communistes sont à nouveau persécutés en Allemagne en raison de leur conception du monde.
Dans le cadre de notre offensive tactique, nous avons pu contribuer à augmenter de manière significative le nombre de signatures pour le mouvement « Aucune chance à l'anticommunisme ! » de plus de 7 300, pour atteindre près de 19 000 à la mi-octobre. Les gens sont à juste titre très sensibilisés en ce moment à la discrimination et à l'oppression racistes et fascistes de diverses minorités. Mais le fait que des attitudes proches du pogrom soient mises en scène contre nous lors de manifestations à cause des symboles de notre parti, que des drapeaux et des emblèmes soient détruits, que des personnes soient battues et que des opérations de police soient lancées contre nos événements de campagne électorale ‒ tout cela ne vaut pas une ligne dans la couverture médiatique bourgeoise. L'article 4 du Grundgesetz18 qui stipule que « la liberté ... de confession idéologique » est « inviolable », ne s'applique apparemment pas aux communistes en raison de la religion d'État anticommuniste. Cela, il faut l'attaquer !
Diverses mesures visent clairement à restreindre notre travail quotidien systématique. Par exemple, le jugement en faveur de VW contre notre travail devant les portes de l'usine, pratiqué depuis 50 ans, ou la nouvelle Loi sur les rassemblements en Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Cette dernière vise également à permettre à tout dirigeant de manif de nous écarter de futures luttes et manifestations. Il s'est avéré décisif de miser pleinement sur une offensive tout à fait convaincante contre l'anticommunisme. Ce faisant, nous avons remporté d'importantes victoires et prouvé l'illégitimité de telles mesures. La conscience de classe doit être au niveau de cette nouvelle qualité d'attaques contre le MLPD et venir à bout du mode de pensée petit-bourgeois anticommuniste. Cela inclut également la connaissance du caractère de l'État bourgeois en tant que dictature des monopoles.
Au cours des dernières semaines, nous avons entendu de nombreux reportages sur les congrès des partis bourgeois, que l'on a souvent fait passer en un temps très court. Comment s'est déroulé le XIe Congrès du MLPD ?
Il n'est pas exagéré de dire que le XIe Congrès du MLPD a été le contre-programme frappant du marchandage indigne et antidémocratique des postes que nous présente actuellement la politique bourgeoise, notamment autour de la formation du gouvernement. Imaginez deux personnes qui décident entre elles qui sera le premier candidat au poste de chancelier et maintenant de vice-chancelier, comme l'ont fait les dirigeants d'Alliance 90 / Les Verts. Partout dans les CDU/CSU, on aiguise les couteaux pour se débarrasser d'Armin Laschet au plus tard lors du prochain congrès.
Notre Congrès n'avait rien de commun avec de telles méthodes. Pour nous, les congrès sont des moments forts du déploiement de la démocratie interne du parti en interaction avec la prise de décisions unifiée sur les prochaines tâches et les prochains objectifs. Tous nos membres ont reçu le projet du compte-rendu du CC. Les unités de base du parti ont eu six mois pour préparer, délibérer et soumettre des motions sérieusement. Environ 1 500 motions sur la base d'une grande approbation et sans aucune motion de rejet ont été soumises par les assemblées de délégués de district et locales et les assemblées de membres locales.
Les candidat.e.s ne pouvaient être nommé.e.s qu'avec une évaluation favorable de leur cellule et l'approbation de l'assemblée de délégués de district ou locale, candidat.e.s qui avaient sérieusement fait leurs preuves et posé leur candidature. Ce large déploiement de la démocratie doit bien sûr être à nouveau centralisé, c'est-à-dire concentré et synthétisé.
Le Congrès est l'organe suprême de notre parti. Ce qu'il décide est contraignant, aussi et surtout pour la nouvelle direction du parti. C'est ainsi que la démocratie se transforme en centralisme et vice versa. Le centralisme démocratique n'est pas seulement un principe d’organisation, mais aussi un processus gnoséologique, avec lequel le MLPD s’accorde avec ses tâches et travaille « au rythme du temps ».
Que pouvez-vous dire des résultats du XIe Congrès ?
Notre XIe Congrès ‒ qui est justement le Congrès d'Erfurt ‒ a constaté que le système impérialiste mondial se trouve dans le plus grand état d'instabilité depuis la Seconde Guerre mondiale. Pour la première fois depuis des décennies, l'émergence d'une crise révolutionnaire mondiale est redevenue une option réelle. Nous allons connaître des bouleversements, des durcissements, des culminations et des polarisations sans précédent. Il est nécessaire de nous préparer, nous et les masses, à faire avancer ce développement, à nous y préparer et à forger les forces et les outils nécessaires. Le XIe Congrès a déclaré que c'est l'une des tâches les plus importantes que le MLPD mène une lutte idéologique profonde dans chaque tâche, contre le refoulement de cette lutte.
Cela correspond également aux documents constitutifs et à l'histoire du MLPD, qu'on a construit dans la lutte idéologique. Cependant, cette conquête a eu tendance à être insidieusement refoulée. En même temps, cette tâche gagne en importance face à la confusion sociétale et la nécessité d'une bataille idéologique préliminaire pour la révolution socialiste internationale. Par exemple, il n'y aura pas de lutte environnementale transformatrice de la société sans éplucher les thèses idéalistes de la transformation écologique. Les méthodes positivistes de prévisions purement arithmétiques doivent être démasquées et la méthode dialectico-matérialiste doit être ancrée. Nous allons polémiquer de manière tout à fait convaincante contre les affirmations hypocrites de l'écologisme impérialiste sur la compatibilité de l'économie capitaliste et de l'écologie. La lutte idéologique n'est donc pas un verbiage philosophique abstrait, mais la clarification indispensable, dans la pensée, les sentiments et les actions, de la direction qu’il faut prendre. C'est aussi un appel à l'ensemble du Parti et à son environnement pour intensifier les initiatives dans la lutte idéologique. Nous avons discuté au Congrès de renforcer la concentration sur la classe ouvrière dans la lutte contre les influences postmodernistes.
En même temps, nous voulons et devons progresser dans le travail d'alliances avec les couches intermédiaires petites-bourgeoises. Il est d'une importance stratégique de les gagner à l'alliance révolutionnaire avec la classe ouvrière pour la lutte pour le socialisme. Cela inclut la rupture avec des forces bourgeoises, petites-bourgeoises ainsi que fascistes et fascisantes, telles que le mouvement des « Querdenker4 ».
Lors de l'évaluation du Congrès, nous avons dû constater de manière autocritique que malgré tout l'engagement, la question de l'environnement n'a pas été suffisamment discutée à ce Congrès. La lutte pour l'environnement est et reste la deuxième ligne de combat la plus importante du MLPD, qui doit bénéficier d'une priorité élevée au vu de l'accélération du basculement dans la la catastrophe environnementale mondiale.
Le Congrès a constaté une relève de génération réussie au sein de la direction du Parti. 38 % des membres du CC sont des travailleur.se.s plus jeunes qui sont actif.ve.s dans les usines depuis des années. Il y a beaucoup plus de travailleurs et travailleuses de l'industrie dans notre CC que dans l'ensemble du Bundestag ! En outre, pour la première fois, il y a une majorité de femmes au sein du Comité central. Tout cela sans quotas et sans qu'aucun.e n'aurait reçu.e de crédit injustifié. Les plus hautes exigences ont été posées à tous les candidat.e.s en termes d'autochangement et de preuves théorique et pratique dans la lutte de classe.
L'anticommunisme vise avant tout à tenir les gens à l'écart du MLPD.
Quel bilan pouviez-vous faire à propos du recrutement de membres ?
Avec une croissance de 12,5 % du nombre des membres depuis le dernier congrès, nous avons pu dresser un bilan positif. Cela est une réussite remarquable compte tenu de la confusion idéologique dans la société et de l'anticommunisme agressif de la part des forces dirigeantes à l’encontre du MLPD ! En même temps, ce serait encore beaucoup plus si nous ne perdions pas à nouveau beaucoup de nouveaux membres. Notamment parce qu'ils ne peuvent souvent pas concilier le travail du parti avec les conditions de travail et de vie compliquées dans cette société. L’amélioration de cette situation doit être un objectif majeur.
Nous devons réfléchir davantage au fait que nous voulons gagner une masse de travailleurs, de parents isolés, d’ouvriers postés et de jeunes gens qui sont souvent confrontés à des difficultés dans leur vie quotidienne. On ne peut pas exiger de chaque personne ce que l'on exige d'un révolutionnaire professionnel. Chacun doit pouvoir s’épanouir dans des tâches appropriées au sein du travail du parti et pouvoir contribuer selon ses capacités et possibilités. Notre travail de formation et d'instruction doit aussi devenir plus universel, en particulier pour les nouveaux membres.
Les délégués au Congrès ont discuté de manière très critique du fait qu'un « tournant » doit être amorcé dans la promotion des syndicats non-liés à un parti, des organisations écologiques, de jeunesse, de réfugiés ou de femmes. Elles sont le pôle opposé au soi-disant organisations non gouvernementales (ONG) qui ont généralement une orientation strictement anticommuniste comme opposition fictive et dépendent de la perfusion financière du gouvernement. Toute la tendance de l’impérialisme à produire des crises a besoin de la réponse de formes d'organisation réellement non-liées à un parti qui ne se laissent pas atteler aux charrettes des forces dirigeantes. Par conséquence, c’est une question d’honneur pour l’ensemble du MLPD de promouvoir les organisations qui ont une réelle ouverture d’esprit sur une base antifasciste. Cet aspect a été négligé en partie pendant les dernières années.
Quelles conclusions ont été tirées pour le travail auprès de la jeunesse ?
Le 14e congrès de l'association de la jeunesse et le camp d'été de cette année montrent que l'organisation de la jeunesse Rebell se développe dans un environnement social compliqué avec un noyau solide. En même temps – mesuré à l’aune de l'importance stratégique de la conquête de la jeunesse – nous ne pouvons pas être contents et Rebell est encore bien trop petit. La pandémie nous a restreints le plus dans le travail parmi la jeunesse. En même temps, le Congrès d'Erfurt a constaté qu’au cours des dernières années, l'assimilation critique et autocritique de notre ligne politique de la jeunesse, sa mise en œuvre créative ainsi que son instruction et son contrôle ont été négligés. Le Congrès s'est engagé à résoudre sérieusement cette contradiction et a pris des décisions claires pour l’ensemble du parti. Ainsi chaque membre fera un travail auprès de la jeunesse d'une façon ou d'une autre et 30 % des camarades de chaque cellule s’y concentreront. J'ai moi-même formé et entraîné des rebelles au camp d'été en matière de l'importance du travail quotidien systématique, dans des actions communes. À cette fin, le MLPD doit donner des formations de base encore meilleures et les jeunes de Rebell doivent être formés de manière universelle. En outre, nous avons proposé à Rebell d'attacher plus d'importance au travail culturel. Par exemple d'organiser régulièrement des concerts pour les jeunes, qui renforcent la conscience en soi et la solidarité des rebelles et créent un antipode clair à la culture de masse bourgeoise décadente. Dans le cadre du travail de Rotfüchse [Renards rouges], les fêtes traditionnelles de Saint-Nicolas sous l’entière responsabilité de l’organisation de jeunesse Rebell, inviteront de nombreux nouveaux enfants. Ainsi ils renforceront Rebell et l'organisation des Renards rouges.
Nous renforcerons aussi le travail parmi les étudiants. Trois millions d'étudiants représentent une grande partie de la jeunesse qui a été particulièrement frappée par l’impact de la pandémie de Corona. Il est important qu'ils s’unissent plus étroitement et consciemment à la classe ouvrière. En même temps, il est essentiel de renforcer le caractère prolétarien de Rebell qui doit avant tout unir la jeunesse ouvrière. Le MLPD posera davantage de grandes tâches au Rebell. La participation enthousiaste aux brigades comme au Congo ou à Kobanê en témoigne : La jeunesse veut accomplir quelque chose de grand, acquérir des expériences de lutte et ce faisant apprendre. En outre, des activités et offres à bas seuil qui impliquent toute la famille sont importantes pour les jeunes et les moins jeunes : marchés aux puces, fêtes d'enfants, fêter en commun, faire du sport etc. Non en dernier lieu, le prochain volume, le numéro 37 de la série Voie révolutionnaire, aura une importance particulière pour le travail de formation auprès de la jeunesse.
Que pouvons-nous attendre du prochain numéro de la série Voie révolutionnaire 36 – 39 « La crise de l'idéologie bourgeoise et l'enseignement du mode de pensée », que Stefan Engel a annoncé dans sa dernière interview ?
Nous vivons des mouvements de masse à l'échelle mondiale qui sont déjà l'expression de crises de la société dans son ensemble. Cependant ils ne sont souvent pas idéologiquement clairs, souvent encore influencés par différentes variantes de l'idéologie bourgeoise. Ainsi ils ne peuvent pas non plus contribuer de manière ciblée à un changement de la société. Si on va à une manifestation en tant que jeune, comme les Fridays for Future ou en l’honneur de Lénine, Liebknecht, Luxembourg, on rencontre tous les courants bourgeois et petits-bourgeois, des anticommunistes de diverses nuances, des révisionnistes, des sociaux- démocrates, des trotskistes et des anarchistes. Pour y voir clair également, nous devons clarifier ces questions idéologiques à une échelle de masse toujours plus grande.
Sous la direction de Stefan Engel et de la rédaction de notre organe théorique, le nouveau Comité central travaille intensément sur les numéros suivants du système Voie révolutionnaire, en priorité sur le numéro 37 « La crise de l'idéologie bourgeoise et l'opportunisme ». Ce numéro traite de la crise des variétés essentielles de l'idéologie bourgeoise depuis la nouvelle organisation de la production capitaliste internationale dans les années 1990. Il s’y agit notamment de la crise du néolibéralisme, des théories du complot fasciste et du trotskisme. Il comprend également les théories révisionnistes et néo-révisionnistes telles que celle de la Chine sociale-impérialiste ou de la crise du réformisme. Nous traitons aussi des mouvements qui exercent une influence particulière sur la jeunesse comme la ligne de capitulation de la « gauche interventionniste » ou les illusions du confédéralisme démocratique. Ce n’est que si nous sommes nous-mêmes complètement clairs sur les plans idéologique et politique que nous pourrons traiter correctement la dialectique entre le soutien solidaire apporté aux objectives justes des mouvements de masse et, en même temps, le maintien et le développement d'une ligne claire, ce qui nous donne une perspective et une force de combat.
Que veut dire « assurer la victoire maintenant », activité pour laquelle le MLPD a pris trois mois ?
Pour ce que j'ai exposé ici, nous devons prendre du temps. Pour cette raison nous avons décidé de mener une campagne de critique et d'autocritique. En ce sens, il faut aussi diriger le travail comme une autotransformation consciente, dans laquelle le travail est évalué de façon approfondie et où les progrès dans les connaissances ainsi que les changements pratiques sont organisés systématiquement. Nous avons également besoin de temps pour établir des liens étroits avec les nouveaux compagnons de lutte, les contacts et les personnes intéressées, pour apprendre à nous connaître, pour clarifier systématiquement les questions, pour apprendre peu à peu la nouvelle vie organisée. Cela ira de pair avec un traitement plus approfondi des résultats du XIe Congrès et du numéro 36 de Voie révolutionnaire.
Nous proposons à tous ceux qui ont acheté ce livre au cours des dernières semaines de participer à des groupes de lecture et de discuter du livre en commun. Pour cela nos camarades doivent prendre beaucoup plus de temps. Car le livre « a du fond » et doit être étudié en profondeur et discuté collectivement pour qu'il puisse aussi avoir un effet pratique. En même temps, nous accompagnerons bien sûr de près le processus de formation du gouvernement et la lutte contre la répercussion des fardeaux de la crise sur la classe ouvrière et les masses populaires est à l'ordre du jour. Déjà à l’approche des luttes attendues, il est important de renforcer le MLPD et en particulier nos cellules d'entreprise. Les activités culturelles et des loisirs seront d'une grande importance. Le fait que celles-ci sont parfois sous-estimées et pas vraiment pris au sérieux dans le cadre de notre vie de parti est l'expression d'un certain sectarisme ou aussi l'expression d'une séparation entre la vie politique et la vie privée.
Le CC veillera encore davantage à ne pas surcharger le parti, afin qu'il reste encore du temps pour l'étude et la formation, les loisirs et la culture, les excursions et, enfin et surtout, les affaires personnelles. Surtout quand la lutte de classe gagne en intensité et que la complexité des questions idéologiques à clarifier augmente, la solidarité, l'unité et la vie de parti pleine de culture gagnent en importance. Entre-temps, le MLPD a décidé de participer à l’élection au Landtag en Rhénanie-du-Nord-Westphalie en mai 2022. Nous proposons à nos alliés de se présenter à nouveau ensemble comme Liste internationaliste / MLPD. Ce faisant, nous nous appuyons sur les progrès et les acquis de l'offensive tactique de 2021 et nous tirons les leçons des faiblesses. Pour l'année prochaine, nous avons également prévu un certain nombre de choses. Ainsi, nous voulons célébrer dûment le 40e anniversaire du MLPD et profiter de cette occasion pour enraciner les acquis de la construction de notre parti que beaucoup de jeunes gens n'ont pas consciemment vécus ou réalisés. Et nous réalisons une année de Willi Dickhut à l'occasion du 30e anniversaire de la mort de ce grand révolutionnaire et maître à penser de notre parti, afin de diffuser son héritage encore bien plus largement.
Merci beaucoup d’avoir pris le temps !
Je tiens à exprimer ma gratitude à tous les camarades, amis et compagnons de lutte pour le travail accompli à succès en 2021.
1 Stefan Engel, « La crise de l'idéologie bourgeoise et de l'anticommunisme », Verlag Neuer Weg, Essen 2021, ISBN 978-3-88021-600-6, p. 11
3 https://ondemand-mp3.dradio.de/file/dradio/2021/08/25/.ganz allein am strassen-rand die guten alten wahlplakate dlf 20210825 1743 5b139962.mp3
4 « Querdenker » = Mouvement « anticonformiste », anti-vaccin, qui conteste radicalement la pandémie du Covid et la gestion de la crise y liée, et aujourd’hui, ce mouvement est de plus en plus infiltré par l’extrême droite et dominé par elle ‒ NdT
6 Selon le principe de l'égalité graduelle des chances, les médias doivent décider sur l'intensité de la couverture des partis selon les chances qu'ils leur attribuent lors des élections ‒ NdT
7 « Anti-Allemands » [Antideutsche] groupement militant anticommuniste, extrêmement antidémocratique, pro-sioniste qui se présente comme étant de « gauche » ‒ NdT
9 Agence des Nations Unies pour les réfugiés Global Trends 2020; tagesschau.de, 13/9/2021 traduit de la version allemande
17 Völkisch : terme de l’idéologie fasciste, qui caractérise la conception raciste, antisémite et anticommuniste du peuple allemand comme une communauté de sang