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La crise économique mondiale et ses répercussions sur la classe ouvrière

Abdesselam Adib et MMLPL, 07-07-2020

 

En réponse à l'invitation d'un nombre de camarades marxistes léninistes au niveau national au Maroc, j'ai participé à une discussion sur la situation économique mondiale et ses implications pour la classe ouvrière dans le cadre d'un séminaire numérique le soir du Samedi 13 juin 2020, à travers la plateforme suivante, qui a fait l'objet de longue discussions durant plusieurs jours, voici le contenu du la plateforme, avec des ajouts extraits du contenu des discussions qui ont eu lieu. Donc c’est un travail collectif du MMLPL.

L'importance de la problematique ne se manifeste pas de seules conditions économiques et sociales actuelles, mais aussi des réactions de tous les Etats envers la pandémie de covid19, et qui favorisent des interventions autoritaires et fascistes sous prétexte de lutter contre la pandémie.

Les Etats capitalistes dans leur ensemble tentent par le biais des médias et de leurs responsables politique de prétendre que la crise économique de 2020 n’est pas issue des contradictions du mode de production capitaliste, mais, qu’elle est externe, causée principalement par les mesures de faire face à la pandémie Covid19, et nous avons vu à quel point ces Etats et l'Organisation mondiale de la santé, ont exagéré la diffusion de la peur parmi les gens à travers le monde en exposant nombre des victimes, et insistant qu'il n y a pas de salut sans un vaccin qui inclut toute la population mondiale.

Il semble clair aujourd'hui que la principale victime de cette pandémie et des mesures qui l'accompagne est la classe ouvrière. Elle a été forcée partout dans notre pays de travailler dans des conditions dépourvues de sécurité sanitaire, surtout à Casablanca et à Tanger, ainsi que les graves conséquences qu’ont enduré les travailleurs du secteur industriel et les ouvriers et ouvrières agricoles notamment dans des fermes de production des fraises dans la compagne de Lala Mimouna, dans la région de la ville de Kenitra, appartenant à un investisseur espagnol. D’autres travailleurs ont également été licenciés en raison de leurs activités syndicales, depuis le début de 2020, ces ouvriers et ouvrières sont en sit-in devant les lieux de travail en protestation continue, sans que leurs demandes soient entendu.

À travers cette Platform, j'essaierai de discuter dans un premier axe, la source des crises économiques du capitalisme mondialisé du point de vue marxiste, et dans un deuxième axe, j'aborderai la contradiction des lois capitalistes selon les œuvres de Karl Marx, et dans un troisième axe, j'aborderai les répercussions de la crise économiques sur la classe ouvrière.

La crise économique constitue sans aucun doute un moment d'étouffement du mode de production et d’arrêt de sa capacité à se reproduire devant son incapacité à maintenir le développement continu d'éventuelles forces de production d'une part et à maintenir une stabilité des relations de production entre les forces de classe dominantes et les classes productives opprimées de l'autre. A travers cette définition simplifiée de la crise économique, il apparaît l'étendue de la complexité des liens sociaux qui constituent le schéma de production existant qui conduit à l'explosion de la crise et ouvre ainsi la voie à une phase de révolution sociale, qui peut se contenter des changements formels dans les mécanismes de fonctionnement du mode de production existant, ou d'une élimination révolutionnaire total de ce mode pour un nouveau paradigme de production sur la base de nouvelles forces de production et de nouveaux rapports de production.

I - au début, la division de classe, la propriété privée comme source de toutes les crises:

Pour démanteler la nature des crises économiques du mode de production capitaliste mondialisé, il faut s'interroger sur le moment historique qui a produit les relations d'inégalité de classe, de propriété privée et de travail salarié à travers lesquelles prévaut le mode de production capitaliste d’aujourd'hui. S'agit-il d'un moment humain naturel ou s'agit-il d'une situation anormale aménagée à la suite d’une transformation sociale dialectique spécifique?

Dans ce contexte, nous concentrerons notre réponse sur trois points consécutifs, comme suit:

- La contradiction de classe héritée depuis 12 000 ans avant JC et le rôle de la propriété privée dans le maintien de cette contradiction;

- L’ascendance et décadence des civilisations de classe et des modes de production successifs selon le matérialisme historique;

- L’ascendance et la decadence du mode de production capitaliste.

 

1 - Le processus de formation de classes, de propriétés privée et des états:

Il y a plusieurs sociologues et d'anthropologues qui ont montré à travers leurs études les caractéristiques de la vie sociale sous son aspect primitif, qui en la divisant à des étapes successives, en particulier les deux phases préhistoriques (la phase dite paléolithiquei) et la phase historique qui commence environ 12 mille ans avant JC. Cette dernière phase a été accompagnée de plusieurs transformations économiques et sociales connu en tant que l'âge de pierre supérieur ou la phase Néolithique, qui s'étend entre 12 mille ans à environ 3 mille ans avant JC. C'est l'époque de la révolution agricole, ou l’homme a découvert la production agricole et la formation de grands réservoirs pour la production agricole et les denrées alimentaires, ce qui a constitué une passerelle vers l'émergence de classes, de propriétés privées et des formes embryonnaires de l'État et un moyens au mains des forts pour exploiter la force de travaille des faibles. Ces transformations sociales qualitatives ont constitué la base des conflits et des guerres entre les humains, ce qui n'existaient pas au stade préhistorique. La nature humaine varie donc, selon les conditions sociales et matérielles de la réalité humaine.

La division humaine durant la phase néolithique et l'émergence des classes et de l'État reposaient sur la propriété privée et les réservoirs de nourriture rendu possible par la révolution agricole, c'est-à-dire par l’appropriation des fermes et des réservoirs de nourriture qui a permis l’exploitation de la main-d'œuvre d'autres individus en production pour reconstituer ces réservoirs et pour protéger la propriété privée et même à la formation d'une force militaire pour attaquer et contrôler d'autres individus et les utiliser comme esclaves dans la production agricole, et vice versa , c'est-à-dire le raid de groupes qui n'ont pas de sources de nourriture sur les sites de ces réservoirs pour les vandaliser.

Avant la période néolithique, l'homme primitif a vécu pendant des milliers d'années à l'époque paléolithique dans des groupes solidaires qui ne s'élevaient pas les uns contre les autres. L’homme primitif a utilisé la force de travail du groupes dans la chasse , la pêche et la cueillette des fruits, qui sont les principales sources de reproduction de la vie, là où elle était une force de travail L'homme est collectif, et dans ce contexte, l'homme a créé ses outils pour chasser, pêcher et cueillir et se protéger des dangers tel que les animaux sauvages . Il y a de nombreuses sources spécialisées dans ce domaine, dont les ouvrages de Frederick Engels "L'Origine de la famille, la propriété privée et l'Etat"ii, Maurice Morgan, "Ancient Society"iii et André Leroi Gouran "Gesture and Speech"iv où on peut consulter le développement des conditions de vie humaine primitive indivisible avant l'émergence de la propriété privée, des classes et de l'État, donc, la société diviser, où la force de travail de l’homme sera désormais sous domination d’autrui.

Depuis l'avènement de la révolution agricole, et l’apparition de la propriété privée et des inégalités de classe, les puissants dominent la force de travail humain, en la soumettant à l'exploitation, souvant par la violence pour servir leurs propres intérêts. Sur la base de cette possession de la force de travail des autres par l'esclavage et son emploi dans la construction de la gloire des classes dominantes, des États et des civilisations antiques se sont formés dans le bassin méditerranéen, en Perse, en Inde, en Chine, etc…

2- L’ascendance et la décadence des modes de production successifs:

C’est une vérité historique incontestable, que toutes les civilisations anciennes, sans exception, connaissaient un stade d'ascension et de prospérité avant de connaître un stade de décadence et de déclin et d'extinction. Ibn Khaldounv a précédemment examiné dans son « introduction » les causes d’apparition des appareilles États et leurs effondrement en Afrique du Nord, en l’instaurant sur la base de sa théorie politique concernant le cycle de l’union tribale « Al Assabia » se basant sur l'origine noble « Islamique » et l'idéologie religieuse et les causes de son éclatement. Tandis que Karl Marx a longuement expliqué les raisons historico-matériel de l’ascendance et de la décadence des mode de production successifs sur lesquels les anciennes civilisations ont été construites.

Dans son préface à son livre Contribution à la critique de l'économie politiquevi, Karl Marx déclare:

«À un certain stade de leur développement, les forces productives matérielles de la société entrent en contradiction avec les rapports de production existants, ou, ce qui n'en est que l'expression juridique, avec les rapports de propriété au sein desquels elles s'étaient mues jusqu'alors. De formes de développement des forces productives qu'ils étaient ces rapports en deviennent des entraves. Alors s'ouvre une époque de révolution sociale. Le changement dans la base économique bouleverse plus ou moins rapidement toute l'énorme superstructure. Lorsqu'on considère de tels bouleversements, il faut toujours distinguer entre le bouleversement matériel - qu'on peut constater d'une manière scientifiquement rigoureuse - des conditions de production économiques et les formes juridiques, politiques, religieuses, artistiques ou philosophiques, bref, les formes idéologiques sous lesquelles les hommes prennent conscience de ce conflit et le mènent jusqu'au bout. Pas plus qu'on ne juge un individu sur l'idée qu'il se lait de lui-même, on ne saurait juger une telle époque de bouleversement sur sa conscience de soi; il faut, au contraire, expliquer cette conscience par les contradictions de la vie matérielle, par le conflit qui existe entre les forces productives sociales et les rapports de production. "

La citation de Karl Marx résume sa méthodologie matérialiste historique, qui a révolutionné les sciences sociales, historiques, politiques et économiques. Cette méthode nous permet d'analyser ce qui se passe localement et globalement, dans le temps et l'espace. Cette méthodologie confirme également que toutes les civilisations successives sont basées sur des modes de production spécifiques qui reposent sur deux piliers dans leur développement. D'une part, il y a les forces de production, c'est-à-dire les moyens matériels physiques, humains, animales et technologiques, et d'autre part, il y a les relations de production, c'est-à-dire la nature des relations productives de classe entre qui possède les moyens de production et qui ne le fait pas.

La montée des civilisations passe par l'équilibre des forces productives et des relations de production et de l'accumulation et du développement matériel réalisés à tous les niveaux, mais cette montée se termine inévitablement par la pourriture des relations de production et l'effondrement de l'équilibre entre les forces productifs et les relations de production, ce qui a un impact inévitable sur l'arrêt du processus d'accumulation, et conduit ainsi à l'effondrement de la construction sociale et de toute l'accumulation matérielle et sociale réalisée à tous les niveaux. À ce stade de décadence et d'effondrement civilisé, coïncide généralement avec l’accroissement de la lutte de classe, la propagation des guerres et des épidémies et le déclin du nombre de la population, c’est une époque de révolution sociale qui s’ouvre, qui se poursuit jusqu'à l'effondrement de la civilisation existante et de son mode de production et qu’un autres surgie.

Dans son préface  mentionnée ci-dessus, Karl Marx présente les formes de l'ascension et de la chute des civilisations successives, «À grands traits, les modes de production asiatique, antique, féodal et bourgeois moderne peuvent être qualifiés d'époques progressives de la formation sociale économique » qui étaient basées sur la succession des modes de production dominants orientaux, esclavagistes et féodaux qui aboutissent aujourd'hui au mode de production capitaliste. En étudiant chaque modèle de production séparément, des formes de propriété et de contrôle des forces dominantes sur la force de travail humaine émergent, et que la décadence de ces formes de contrôle conduit à l'effondrement du système social existant et à son pourrissement total.

3- L'ascension et la décadence du mode de production capitaliste:

Le même loi du cycle d’ascendance et de décadence qui a dominé la courbe en cloche des anciens modes de production et civilisations précédentes affecte aujourd'hui le mode de production capitaliste et à la soi-disant civilisation capitaliste, qui ne sera pas épargnée par cette loi. Le mode de production capitaliste, qui a connu ses débuts au XIIIe siècle, s'est développé à la lumière de la décadence progressive du mode de production féodale, qui s'est achevée par un effondrement total au XVIIIe siècle, et son remplacement par la domination du capitalisme sur le plan politique et économique.

Karl Marx a travaillé a démantelé dans son ouvrage principale « le capital » les mécanismes du mode de production capitaliste, philosophiquement, politiquement et économiquement, et nous a fourni une image claire des lois contradictoires régissant le mode de fonctionnement de ce mode, qui a conduit à une première phase ascendante depuis le XIIIe siècle au développement de la civilisation capitaliste, et dans une deuxième phase depuis le début du XXe siècle, au déclin progressif inévitable de cette civilisation, que nous vivons encore ses multiples manifestations, malgré toutes les tentatives désespérées de le sauver.

Dans le sixième chapitre du capitale qui n'a pas été publié avec le premier volume, Karl Marx a divisé les étapes par lesquelles passe le mode de production capitalistevii. Marx a décrit la première phase dans laquelle l'essor du mode de production capitaliste s’est développé en tant que stade de domination formelle du capital sur le travail, étant donné que le capital devait coexister avec les anciens modes productions avec lesquels il est en conflit, donc sa domination sur le travail ne peut pas être totale mais seulement formel et où il s’instrumentalise l’appareil de l'État national pour exercer sa domination.

Au début du XXe siècle et avec le développement de ce que Lénine va appeler « l'impérialisme comme stade suprême du capitalisme », le monde entier se mettra sous domination du mode de production capitaliste, c’est le début d’une nouvelle phase de domination réel du capital sur le travail, et en parallèle s’exerce une domination absolue du capital financier international sur tous les Etats nationaux, qui ont perdu leurs pouvoirs politiques indépendantes et soumis au intérêts du capital financier.

Dans cette phase la décadence du mode de production capitaliste s'approfondira progressivement sous l’intensification des contradictions entre les forces et les rapports de production, ces grands illustrations sont les deux guerres mondiales et l’éclatement d’environ 130 guerres régionaux depuis le début du XXe siècle, avec plus de 150 millions de victimes, dont la plupart des prolétaires. C’est une période de lutte de classes et des révolutions sociales qui s’ouvre depuis le déclenchement de la révolution bolchevique en Russie en 1917.

A propos de cette période de décadence du capitalisme à son stade de l’impérialisme, Lénine a déjà souligné : « À la vérité, l’impérialisme ne rebâtit pas et ne peut pas rebâtir le capitalisme de la base au sommet. […] L’impérialisme est le capitalisme sur son déclin, mais ce déclin n’est pas achevé. L’impérialisme agonise, mais il n’est pas mort. Il est essentiellement caractérisé, non par de purs monopoles, mais par la coexistence des monopoles avec l’échange, le marché, la concurrence, les crises »viii.

Les lois contradictoires du mode de production capitaliste mises en évidence par les études de Karl Marx soulignent l'impératif de la crise profonde de ce système à l'origine de la crise révolutionnaire et de la révolution prolétarienne mondiale.

II - des lois capitalistes en contradiction:

Il existe de multiples lois régissant le fonctionnement du mode de production capitaliste et ses rapports économiques, sociaux, juridiques et politiques de classe, évoluaient vers des formes de domination nouvelles depuis le XIIIe siècle, comme héritage historique des rapports de classe antérieure, dont le dernier était le mode de production féodale. Ces lois s’emploi nécessairement sur la base du droit de la propriété privée, qui garantit la continuité des relations de domination de classe sur la force de travail humain, ainsi que l’emploi excessif de la coercition matérielle et idéologique de l'État contre les dominés, pour préserver leurs aliénation.

Parmi les lois capitalistes fondamentales que Karl Marx a traitées dans son analyse du fonctionnement du mode de production capitaliste, il y a trois lois fondamentales à effet économique et social dynamique, qui constituent le cœur de ce système et la base de son développement, ainsi que la cause de sa pourriture et de sa mort lorsque ses crises atteignent un stade avancé. Ces trois lois sont la loi de la valeur - travail, la loi de l’accumulation et la loi de la baisse tendanciel du taux de profit. Sans entrer dans les détails que Karl Marx a présentés dans ses célèbres écrits sur le capitalix, j'aborderai ci-dessous le dynamisme de ces lois et les résultats qu'elles produisent et qui nous expliquent l'histoire de tout le système capitaliste ainsi que son destin inévitable.

A – La loi valeur-travail

Dans sa lettre à Kugelman du 11 juillet 1868, Karl Marx affirme que "N'importe quel enfant sait que toute nation crèverait qui cesserait le travail, je ne veux pas dire pour un an, mais ne fût-ce que pour quelques semaines. De même un enfant sait que les masses de produits correspondant aux diverses masses de besoins exigent des masses différentes et quantitativement déterminées de la totalité du travail social ... Le rôle de la science c'est précisément d'expliquer comment agit cette loi de la valeur"x.

Nous comprenons à travers cette citation de Karl Marx que le travail dans sa forme générale abstraite est la base de la vie, ce qui signifie que l’homme ne peut pas survivre sans son travail productif comme conditions de reproduction de la vie. Cet argument marxiste irréfutable nous conduit avec certitude que la valeur de la production de la vie humaine est un travail productif. Bien que les écoles économiques des physiocrates et des classiques, en particulier avec Adam Smith et Ricardo, aient abordé le concept de valeur -travail, mais, la question se limitait à une description arithmétique superficielle, et le concept n'a pris son véritable caractère dialectique social qu'avec Karl Marx, qui considérait que la valeur d’un produit prend forme à partir du temps nécessaire passé dans sa productionxi. La valeur de chaque produit se distingue par sa valeur d’usage qui est nécessaire à satisfaction de nombreux besoins. Depuis l'émergence de la propriété privée, les classes et le contrôle de la main-d'œuvre d'autrui, la deuxième caractéristique de la valeur est apparue, qui est la valeur d’échange. Sur la base de la commercialisation de ces valeurs, les richesses sont formées, les classes se sont renforcées, les États se sont formés et des guerres agressives ont été provoquées.

Nous devons prêter attention à l'importance de la loi de la valeur - le travail dans l'analyse marxiste, car il nous amène à conclure que toutes choses, aussi différentes soient-elles, sont le fruit du travail humain aliéné, contrôlé par les forces de classe et transformé en une valeur capitaliste inutile. Dans le système capitaliste, nous pouvons distinguer la valeur en capital de tout produit en répartissant les valeurs entre ses 3 composants de base qui le constituent, exprimées par les trois symboles suivants:

C+V+PL

Sachant que:

C = la valeur des moyens de production matériels et techniques, ou capital fixe ou capital mort, car il stocke en lui un ancien travail humain;

V = la valeur de la force de travail humaine utilisée dans la production, ou capital variable ou capital vivant, cette valeur constitue le salaire réel payé à un travailleur, qui lui garantit de maintenir sa force de travail;

PL = la valeur du travail humain supplémentaire est la valeur du travail de l'ouvrier que le capitaliste saisit après avoir payé à l'ouvrier son salaire, que Marx appelle la plus-value.

Il convient de noter ici que le capital fixe C, qui se compose de technologies, de matériaux, de machines et de besoins en matériel pour la production, est également stocké dans un travail humain précédent, c’est une valeur gelé dans ces matériaux, outils et technologies, et contribue à accélérer et augmenter la proportion de la production finale. Ainsi, les trois composantes de la valeur sont en fait tous le produit du travail humain, que ce soit un travail mort antérieur ou un travail direct vivant. Cela est exprimé dans la loi valeur - travail.

B - Loi d'accumulation

La concurrence entre les capitalistes conduit chaque un d’eux à forcer les travailleurs à croitre la proportion de leurs produits de travail sous tension, afin d'accumuler plus de surplus de valeur - travail, et dans le cas contraire, cela conduira à la perte de l'entreprise en concurrence avec des entreprises similaires et la nécessité d'arrêter la production et donc de licencier les travailleurs. La loi d'accumulation s’impose par la nécessité de continuer à faire des bénéfices sur un marché dominé par la loi de la concurrence.

La loi de l'accumulation suppose que la concurrence pousse chaque capitaliste individuel à augmenter la productivité du travail, ce qui signifie une diligence dans la réduction des coûts de production des salaires des travailleurs (capital vivant) et des coûts de capital fixe des technologies, machines, matériaux et outils utilisés dans la production.

Le capitalisme a connu depuis son apparition des centaines de crises périodiques en raison de la baisse du taux de plus-value et donc du taux de profit d'une part et en raison de l'impossibilité de commercialise toute la surproduction des marchandises en raison de la faible pouvoir d'achat des consommateurs, dont la majorité sont des ouvriers male payer. Dans ce cas, les capitalistes s’appuient sur l'appareil d'État pour développer le commerce extérieur, afin de liquider leurs excédents de marchandise, ainsi, pour mener des guerres coloniales pour s’accaparaient des matières premières à bas prix et de force de travail bon marché et obtenir de nouveaux marchés. La loi de l'accumulation a été derrière les campagnes coloniales et l'émergence de l'impérialisme, et aussi derrière les multiples guerres du capitalisme.

La loi de l'accumulation de capital incite à dépenser plus de profits sur des méthodes de production avancées telles que les nouveaux technologies pour augmenter davantage la quantité de marchandise et réduire leur coût afin de baisser les prix et gagner en compétitivité, Mais provocant en contre parti l’augmentation du capital fixe par rapport au capital variable. Cependant, quelle que soit la valeur du capital fixe par rapport à la valeur du capital variable, il ne produit pas à lui seul un excédent de valeur limité au ratio du capital vivant, c'est-à-dire du nombre de travailleurs, car la population active vivante est la seule à produire la plus-value.

L'expansion des composantes de la composition organique des biens d'équipement se fait en faveur du capital fixe principalement à long terme au détriment du capital variable. Par conséquent, la loi d'accumulation et d'expansion économique du capitalisme nécessite une augmentation de la masse des bénéfices et une diminution du taux de profit à long termexii.

Une distinction peut être faite ici, comme l'a dit Karl Marx, entre la plus-value absolue obtenue lorsque la proportion de capital variable domine aux dépens du ratio de capital fixe dans la production de biens, et la plus-value relative, lorsque le ratio du capital fixe devient supérieur au ratio du capital variable. L'excédent de valeur relative est obtenu grâce à l'utilisation intensive des technologies pour produire une production à grande échelle et sa commercialisation à l’échelle mondiale. Sous la domination formelle du capital, le capitalisme produit plus de la plus-value absolue ; mais, avec la transition vers la domination réelle du capital sur le travail, le capitalisme produit plus de la plus-value relative. La deuxième phase se caractérise donc par un faible taux de profit malgré les bénéfices importants qui peuvent être réalisés grâce à une production rapide et large.

La loi sur l'accumulation conduit à une tendance à l'augmentation du nombre de chômeurs en raison de la dépendance croissante à l'égard de la technologie et des machines au sein des composantes organique du capital. Il est à noter que la technologie et les moyens de production en tant que capital fixe, contribuent à augmenter la productivité des travailleurs, même si leur nombre diminue. Les technologies et les machines créent également de nouveaux emplois, et éliminent les anciens en licenciant davantage les ouvriers. Cette transformation dans la composition organique du capital conduit les capitalistes à réguler exclusivement le mouvement général des salaires en élargissant l'armée de réserve industrielle à la suite d'un chômage excessif et cela correspond à la rotation périodique du cycle industriel. Les résultats de la loi d'accumulation peuvent être résumés comme suit:

1 - Le taux d'augmentation de capital fixe augmente au détriment du capital variable dans le temps. Cela signifie une augmentation de la centralisation et de la concentration du capital, ainsi que du degré d'exploitation des travailleurs et du taux élevé de plus-value.

2- Le taux de capital fixe élevé crée une armée de réserve: le chômage technologique.

3 – l’Augmentation de la taille de l'armée de réserve pour un travail périodique avec une force croissante de l'accumulation.

La contradiction de la loi valeur - travail avec la loi de l'accumulation abouti également à plusieurs résultats, notamment:

1 - L'émergence d'une troisième loi inévitable: la loi de la baisse tendancielle du taux de profit.

2 – La première loi valeur - travail s’affirme d’avantage en tant que principale source de valeur.

3 - La seconde loi d’accumulation affirme que les capitalistes accumulent plus de capital dans le temps et dans l’espace, et cela prend la forme d'une augmentation plus rapide de la valeur des moyens de production, capital fixe, au détriment de la valeur de la force de travail, capital variable, c'est-à-dire l’augmentation de cette part dans la composition organique du capital.

C - Loi de la baisse tendanciel du taux de profitxiii:

Karl Marx décrit dans son livre Grundrisse page 704 version française que la loi de la baisse tendanciel du taux de profit est : «la loi la plus importante de l'économie politique moderne et la plus essentielle à la compréhension des rapports les plus complexes. Du point de vue historique, c'est la loi la plus importante. C'est une loi qui jusqu'ici, malgré sa simplicité, n’a jamais été comprise et encore moins consciemment exprimée."

Le taux de profit se calcule selon la formule suivante:

Le capitaliste commence à utiliser le capital pour investir dans les moyens de production (capital fixe) et les matières premières (fonds de roulement) = est appelé capital fixe (c)

Puis le capitaliste paye d'avance la main-d'œuvre pour produire les marchandises. Mais cette main-d'œuvre produit plus de valeur qu'elle n'en tire des salaires, elle forme donc le capital variable (v).

Les ouvriers produit des marchandises qui contiennent un excédent de valeur supérieur à leur valeur affectée au paiement des salaires, c’est ce qu’on appelle la plus-value (pl).

La loi de profit capitaliste se calcule en divisant la plus-value par le capital fixe plus le capital variable

Le taux de profit fonctionne si le ratio de capital fixe par rapport au ratio de capital variable augmente plus rapidement que l'augmentation de la ratio de la plus-value par rapport au capital variable .

Mais Marx a évoqué des tendances opposées lorsque le taux de plus-value dépasse parfois l'augmentation de la part du capital fixe dans la composition organique du capital - mais pas pour toujours.

Le faible coût de la nouvelle technologie entraîne parfois une diminution de la ratio du capital fixe dans la composition organique du capital, ce qui diminue la combinaison de la valeur, mais pas la plupart du temps.

Pour plus de détails sur la loi de la baisse tendancielle du taux de profit, il faut se référer aux chapitres 13, 14 et 15, du troisième volume du capital.

Ci-après un graphique montrant la baisse tendanciel du taux de profit historiquement à partir du milieu du XIXe sièclexiv:

III – la crise de l'économie capitaliste mondiale à la lumière de la pandémie de Covid 19

 

Aujourd'hui, des responsables politiques travaillent médiatiquement pour de nous persuader que la crise sanitaire de Covid 19 est à l'origine de la crises financières et économiques de 2020. Mais, la pandémie de Covid 19 a provoqué un choc violent dans une économie déjà malade, à cause de la baisse chronique du taux de profit. Tous les indicateurs annonçaient la crise actuelle au moins depuis octobre 2019 dans les rapports du Fonds monétaire international FMI et de l'Organisation de coopération et de développement économiques, OCDE, considérant que cette économie était au bord de la crise, et n'attendait qu'une légère étincelle pour éclater et se propager à travers le monde.

Les experts de ces institutions s'attendaient à une récession à Hong Kong en raison des industries du tourisme et de la vente au détail à la suite des troubles politiques, et ils ont souligné l'aggravation de la déflation que la Grande-Bretagne connue pour la première fois depuis 2012. Ils ont aussi prédit que l'Allemagne, en tant que la plus grande économie de l'Union européenne, est sur le point de se noyer dans la récession en raison du recul du secteur industriel et des mauvaises ventes de voitures dans le monde.

L'Italie, quatrième économie de l'Union européenne, est également considérée noyer dans une récession depuis 2018 et fait face aujourd'hui à des difficultés économiques persistantes en raison de la faible productivité, du chômage élevé, de l'endettement élevé et des troubles politiques. Quant à l'économie chinoise, qui constitue la deuxième plus grande économie du monde, a continué de ralentir au milieu de la guerre commerciale avec les États-Unis d'Amérique, le Fonds monétaire international a indiqué qu’il ne devrait croître que de 5,8% en 2020.

Ces institutions ont également vu émerger de nombreux pays de BRICS, et MIST et d’autres pays, notamment la Turquie, l'Argentine, l'Iran, le Mexique et le Brésil parmi les économies soumises à la pression de la récession en raison de la détérioration du taux de profit résultant d'une surproduction.

Les attentes du Fonds monétaire international en octobre 2019 et les attentes de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) en novembre 2019 montrent l'ampleur de la baisse des taux de croissance annuels due à l'impact de la loi de la baisse tendanciel du taux de profit sur le volume de la production industrielle et la baisse des échanges face à l'hyperinflation des excédents de capitaux et des moyens de production, qui est une catastrophe.

La crise économique actuelle transcende la violence de la crise de 1929. Sachant que ces attentes sont prévu avant l'année 2020, c'est-à-dire avant l'émergence de la pandémie de Covid19, et c'est ce que les gouvernements capitalistes impérialistes essayent de faire écran d’enfumage, ils doivent donc rechercher une bouée de sauvetage. La campagne médiatique trompeuse vise danc à considérer que la crise de Covid 19 était la cause de la crise économique capitaliste actuelle et à exclure ainsi tout doute sur les mécanismes de fonctionnement du mode de production capitaliste.

Ce ne sont pas seulement les médias et les représentants des gouvernements capitalistes qui ont défendu cette thèse, mais il y a aussi de nombreux autres partis l'ont rejointe aux niveaux local et mondial, parmi eux il y a même des partis qui revendiquent le socialisme et le communisme, ainsi que les partis verts et de nombreux représentants de la société civile, des syndicats Et des organisations de femmes et de défense des droits humain, etc. Tout le monde utilise des mécanismes idéologiques pour protéger le mode de production capitaliste de l'effondrement.

Quels sont donc les indicateurs les plus importants de la crise actuel de 2020?

Des le début de 2020, la pandémie de Covid 19 s'est principalement répandu en Chine, puis s'est rapidement propagée au reste du monde. La source de l'épidémie est une ville chinoise appelée Yuhan, la capitale du Hubei, et c'est un centre important pour le réseau de transport au cœur de la Chine, qui est une région très développée. Il est situé sur le carrefour Yangtze (qui est le plus long fleuve asiatique) et le carrefour routier nord-sud de Hong Kong à Pékin. La propagation de l'épidémie dans cette région a stoppé une grande partie de la production, du transport de marchandises et du commerce en janvier, février et mars, non seulement en Chine mais aussi avec divers pays du monde, ce qui a provoqué une perturbation de l'offre et de la demande mondiale. En conséquence, l'économie chinoise a enregistré la première baisse de la production industrielle depuis 30 ans: moins 13,5% en un an. Le graphique n° 3 montre l'ampleur de la baisse dans tous les secteurs formant le produit intérieur brut en Chine en 2020 par rapport à 2019:

Il convient de noter que depuis l'année 1990, la production chinoise joue un rôle central dans la division internationale du travail, en particulier dans le domaine de l'assemblage de produits manufacturés et de pièces détachées, de sorte que cet arrêt a eu un impact immédiat: il a eu un choc de l’offre sur la production du monde entier par rapport aux industries des pays capitalistes développés dont il a besoin de composants et de produits manufacturés chinois, tout comme le choc de la demande pour les pays producteurs de matières premières, dont la Chine est le plus grand consommateur. Ce ralentissement de la production et la mise en confinement simultanée ont par la suite déclenché, bien sûr, et par conséquent, la réduction de la demande des ménages, ce qui a aggravé la récession.

Pour éliminer cette crise sanitaire, de nombreux pays ont développé des mesures de confinement pour encourager les gens à réduire les interactions physiques. Des mesures dimensionnelles (interdiction des événements publics, fermeture des écoles, entreprises inutiles et frontières) ont aggravé la crise économique. En effet, ces restrictions ont limité les dépenses des agents et le commerce entre les pays, provoquant un choc de demande qui s'est propagé à travers le tissu productif du monde entier.

Cette situation a provoqué une forte détérioration du marché du travail, qui a été absorbé dans de nombreux pays principalement par l'adoption de mesures de chômage partiel. Outre les revenus alternatifs, les gouvernements ont également pris plusieurs mesures pour soutenir les flux de trésorerie des entreprises et ont garanti leurs prêts; De plus, elle a été forcée d'augmenter ses dépenses de santé. Bien que la politique budgétaire de chaque pays ait été forcée d'atténuer les conséquences économiques et sociales de la crise, les banques centrales ont été poussées à réduire les taux d'intérêt sans risque et à déployer un arsenal de nouvelles mesures non conventionnelles.

Depuis fin février 2020, avec la propagation de la épidémie Covid19 en dehors de la Chine, les gouvernements capitalistes ont commencé à mettre en œuvre des politiques de confinement de la population, parce que leurs infrastructures sanitaires ne sont pas en mesure d'absorber le nombre de personnes infectées. Et grâce à des mesures de quarantaine strictes dans le monde entier à partir de mois de mars, les dominant ont réussi à stoppé le dynamisme économique capitaliste et réduire drastiquement les forces de production mondiales ainsi que d’arrêté radicalement les échanges commercial mondiale.

Il semble que la politique de gestion de la crise économique mondiale actuelle de la baisse tendanciel du taux profit ait trouvé dans la pandémie covid19 un abri pour camoufler la réalité de la crise émanant de la contradiction de ses mécanismes internes et une alibi pour se recourir à la destruction massif de la production excédentaire et du capital fictif par le mécanisme de la suspension globale du mouvement de la production capitaliste.

Karl Marx a déjà prévu dans le Grundrisse page 706 que la bourgeoisie recoure à un tel mécanisme en cas de crise profonde menaçant un effondrement capitaliste complet dû à la baisse du taux de profit.

"Des contradictions conduiront à des explosions, des cataclysmes, des crises, dans lesquelles, par la suspension momentané du travail et la destruction d'une grande partie du capital, ce dernier est ramené par la violence à un niveau où il peut reprendre son cours**. Ces contradictions conduisent bien sûr** à des explosions, à des crises dans lesquelles la suppression momentanée de tout travail et la destruction d'une grande partie de capital ramènent ce dernier par la violence à un point où il est en mesure ‖17Ӏ d'exploiter au maximum ses capacités productives sans être conduit au suicide. Pourtant, ces catastrophes périodiques sont vouées à se répéter à plus large échelle et conduisent finalement au renversement violent du capital"

Selon le calendrier habituel, les instituts de statistique ont publié les comptes du premier trimestre fin avril 2020. Ils ont également déterminé l'évolution des indicateurs trimestriels qui, dans sa version intermédiaire, les chiffres de croissance du produit intérieur brut ne reflètent pas réellement les effets économiques de la quarantaine au cours des deux dernières semaines du premier trimestre de l'année. Parmi les principaux pays industrialisés qui ont publié leurs premiers comptes à ce jour, les États-Unis et le Royaume-Uni semblent être moins touchés que les pays européens, et parmi les pays européens, la forte baisse concerne le PIB de la France, de l'Italie et de l'Espagne (voir Graphique n° 4).

Le processus d'audit pour le premier trimestre 2020 a commencé un mois après la publication de sa version initiale. La contraction du PIB français, initialement estimée à -5,8% au 30 avril, qui plaçait la France en bas du groupe, a été révisée à -5,3% selon la deuxième estimation publiée le 29 mai. De même, l'Italie, qui a affiché une contraction de Le PIB de -4,8% dans sa version intérimaire fin avril, l'a revu à -5,3% le 29 mai. Enfin, fin mai, la France et l'Italie ont affiché une performance égale au premier trimestre 2020.

Le graphique n° 5 montre l'ampleur du déclin de la production industrielle mondiale et des services en 2020 par rapport à la crise de 2008:

Ainsi, l'économie mondiale était dans un très mauvais état lorsqu'elle a été envahie par l'épidémie de Covid19, en plus les nombreux changements de critères par rapport à ceux qui ont prévalu lors de la crise de 2008, elle n'est pas seulement liée à la déviation des instruments monétaires , la perte d'efficacité des interventions des banques centrales et le très grand volume de la dette publique Comme le prétend la machine de propagande bourgeoise, elle est également liée à l'incapacité de la bourgeoisie mondiale à admettre la réalité des contradictions du système.

En 2009, la récession mondiale s'est arrêtée et la production et le commerce ont repris relativement en raison d’énormes investissements dans les infrastructures réalisés par la Chine. En 2020, le statut de la Chine ne lui permet plus de le faire. En revanche, la Chine est simultanément devenue le principal site d'accumulation mondiale excessivexv mais ce pays a immédiatement été touché par les conséquences économiques de l'épidémie.

En ce qui concerne les relations internationales, le système de coopération relatif entre les pays pour l'année 2009, a vu la création du Groupe des Vingt, mais depuis, cet évènement a cédé la place à une concurrence commerciale intense et à une augmentation significative du protectionnisme dont les États-Unis Unis sont les principaux responsables.

Enfin, douze années supplémentaires d'exploitation des ressources de base ont fait augmenter les prix des matières premières de base sous l'influence de ressources minérales rares et de la dégradation des sols, tandis que les effets du réchauffement climatique ont commencé à toucher tous les pays.

IV - Les effets controverses des politiques de gestion de la crise et les implications de la baisse du taux de profit sur la classe ouvrière

Si l'origine de la crise réside dans la baisse progressif du taux de profit et la baisse du taux de plus-value parallèlement au gonflement du capital fictif du fait du développement des emprunts massifs depuis la crise de 2008, en parallèle avec l’accélération des spéculations financières, ce qui a incité le capital fictif constituer une énorme bulle qui devait s’exploser en 2020, selon la plupart des observateurs, l'explosion de la crise est en soi une conséquence inévitable de cette contradiction.

Avec l'émergence de la crise sanitaire de la pandémie covide19 en Chine et les mesures de confinement prisent pour plus de 60 millions de Chinois ainsi que l'arrestation complète de l'offre et de la demande internationales qui en résulte, le capital financier mondial trouvé dans l’expérience de la chine un refuge efficace pour atteindre de nombreux objectifs, dont on peut énumérer quelques-uns comme suit:

- Arrêter l’accélération de la production mondiale dans toutes ses succursales pendant quelques mois, en imposant des procédures de confinement dans presque tous les pays, ce qui aboutit à une suspension massive de l'offre internationale parallèlement à la demande internationale, et donc, cibler une large consommation du capital fictif en contractant de nouveau endettement à tous les niveaux;

- Donner une opportunité aux entreprises, de procéder à de large licenciements des ouvriers, sous prétexte de combattre la crise, ce qui réduit le niveau de la masse salariale par rapport à l'érosion du capital fixe;

- Réévaluer les politiques budgétaires et monétaires en paralelle avec la destruction massive du capital fictif et préparer de nouvelles sources de financement en capital productif après la fin du confinement;

- Orienter une grande partie du capital fictif vers la reproduction des armes militaires improductives.

Les détails de ces objectifs peuvent être saisis à travers les programmes qui examinent les différents budgets des pays et les énormes quantités de crédits financiers déclarés et alloués pour aider les sociétés de capitaux à les compenser pour la perte de bénéfices, et aussi en fermant les yeux sur les licenciements massifs.

Mais l'impact de ces politiques sera inévitablement catastrophique sur la dialectique des forces productives et des rapports de production, ce qui aggrave leurs contradictions et approfondit le degré de pourriture du système capitaliste dans son ensemble. Un certain nombre de foyers de décomposition que ces politiques entraînent peuvent être tirés des éléments suivants:

1 - L'impasse de la spéculation financière et la réouverture à l'inflation du capital fictif:

Depuis la crise de 2008, le phénomène de spéculation sur les marchés financiers a connu une formidable augmentation. En 2019 les indicateurs boursiers américains ont annoncé avoir atteint des pourcentages de bénéfices les plus importants. Ces spéculations non enregistrées depuis plusieurs années. Les indices boursiers européens ont connu la même hausse, tel que, les entreprises françaises ont réalisé plus de 60 milliards d'euros, c’est un montant jamais atteint par les actionnaires depuis la crise de 2008.

Le produit de la spéculation financière a injecté d'énormes liquidités dans des fonds d'investissement comme c'est le cas pour le fonds d'investissement américain connu sous le nom de Black Rock et également dans d'autres fonds spéculatifs. En 2019, ces fonds spéculatifs ont distribué trois fois leurs bénéfices à leurs clients par rapport à 2018. Le fonds d'investissement Black Rock a réalisé , à lui seul, grâce à la spéculation 5 milliards de dollars. On sait que la spéculation financière signifie la production des bénéfices en espèces en dehors du processus productif réel selon la loi de valeur - travail, qui double la taille du capital fictif par rapport au capital productif réelle.

2- L'impasse de la production réelle et la loi de la valeur - le travail:

L'économie réelle connaît un recul majeur dans le domaine de la production de biens et des services. C’est l’effet du changement dans la composition organique du capital productif, notamment l’augmentation du ratio de capital fixe au dépend du ratio du capital variable. Ce phénomène fait baisser sensiblement l’investissement productif, malgré la masse des profits résultant de la production excédentaire et de la mondialisation des échanges. Dans ce sens, les grands économies capitalistes, ont connu un ralentissement et même une stagnation de la croissance des secteurs productifs.

Entre 2019 et début 2020, et avant le déclenchement de la pandémie Covid19, les des organisations capitalistes internationales telles que l'Organisation de coopération et de développement économiques, l'OCDE, le Fonds monétaire international, la Banque mondiale, etc., ont revu leurs prévisions, concernant la croissance, l'OCDE prévoyait une baisse de la croissance en 2020 dans des proportions plus importantes que lors de la crise de 2008. Cette disparité entre le capital financier et les échanges spéculatifs d'une part et le capital productif réel des richesses d'autre part, expose relativement l'étendue de la contradiction réelle du système capitaliste mondial, ce qui a contribué au déclenchement de la crise de 2020, et ses résultats devrait se poursuivre à l’avenir.

Karl Marx a souligné que le système capitaliste ne produit pas de biens pour satisfaire les besoins humains, pas plus que la production suffisante de moyens de production pour couvrir les besoins réels de la population, et cela est bien illustré par l’expansion de la famine et la pénurie massive de nutrition. Il est à noter que la production massive de moyens de production de capital fixe au détriment du capital variable augmente par contre le chômage, le sous-emploi et la paupérisation massive.

3- L'impasse de la production excédentaire et les possibilités de sa liquidation:

La crise s'approfondit au vu de la contradiction entre la surproduction des moyens de production et les autres produits, par rapport à la faible possibilité de liquider pleinement ces produits. Bien que les moyens de production puissent réaliser de nouveaux investissements, ils ne sont pas en mesure de générer de nouveaux profits et une accumulation continue de capital en raison de la gravité de la contradiction inhérente.

On sait que les marchés qui réalisent des profits élevés se rétrécissent progressivement devant la surproduction, en raison de l'effet de la loi de la concurrence et de l'accumulation. Dans ce contexte, les capitalistes recourent à la réduction des coûts de production, en particulier le coût du capital variable, ce qui réduit de en même temps le pouvoir d'achat des travailleurs et leur capacité à consommer. Cela se fait en employant des travailleurs sur une plus longue période, ou en réduisant leur nombre et en attaquant à progressivement les gains obtenus par des luttes acharnées, ainsi que le démantèlement des systèmes de protection sociale et des retraite, la privatisation des écoles, des hôpitaux et les services publics, l'abolition des conventions collectives et la généralisation du travail flexibles.

4- L'impasse des dépenses militaires improductifs:

Les dépenses militaires visent non seulement à défendre les marchés impérialistes capitalistes, à envahir de nouveaux marchés, ou à dissuader les rivaux comme le font les États-Unis, mais aussi une source essentielle pour atteindre une masse de profit en imposant des achats aux États dépendants. Le secteur militaire et de l'armement vit toujours de l'amplification artificielle de la demande de l'État, car il constitue un marché artificiel à but lucratif. Il ne produit aucune richesse. Il constitue plutôt une force destructrice pour les richesses existantes des autres (voir les résultats de l'agression contre l'Irak, par exemple). Il absorbe également de les capitaux fictifs qui ne servent pas à produire de nouvelles richesses ou qui répondent aux besoins de la population.

Les dépenses militaires capitalistes mondiales en 2019 ont atteint leurs niveaux les plus élevés depuis 2008, s'élevant à 1800 milliards de dollars, les États-Unis dépensent le tiers, et Donald Trump a appelé le Congrès à allouer 750 milliards de dollars supplémentaires en dépenses militaires dans le budget 2020 en échange pour des réduction du budget des établissements de santé et d'éducation. Aujourd'hui, nous voyons les conséquences de la réduction des crédits de santé aux États-Unis avec la pandémie de Covid19.

5- L'impasse de l'endettement:

Parmi les investissements improductifs, il y a le domaine de l’utilisations de l'endettement. L’endettement a explosé immédiatement après la crise de 2008 dans le cadre des politiques de gestion de la crise, suite au plan d’aides ouvertes pour mettre fin à la faillite des capitalistes. On peut distinguer les formes de dettes suivantes:

Tout d'abord, il y a l'endettement de l'État, qui a explosé en raison de ses plans de soutien aux banques, aux institutions d'assurance, au sociétés en crise, aux spéculateurs menacés d'effondrement durant la crise de 2008.

Pour les pays dits émergents, l'inquiétude grandit à la veille de la propagation de la pandémie de Covid19 sur la capacité de payer sa dette précédente à la lumière du pessimisme sur les taux de croissance futurs de ces pays à la lumière de la baisse des taux de profit, et bien sûr, ces perspectives à la lumière de la pandémie de Covid19 sont devenues plus pessimistes.

Deuxièmement, l’explosion de l'endettement des entreprises, mais sachant que le taux de croissance a été relativement faible dans toutes les économies capitalistes ces dernières années, ce qui confirme que cet endettement n’a pas été dirigé vers l'augmentation des taux de croissance, c'est-à-dire vers la production réelle de richesse. L'indice de la production industrielle aux États-Unis d'Amérique a enregistré à la fin de 2019, ses niveaux les plus bas depuis la crise de 2008 et il aurait pu diminuer davantage si cette baisse n'avait pas été couverte par une augmentation de la demande de dépenses militaires en décembre 2019.

Troisièmement, il y a le secteur des services, qui a connu une baisse de croissance du fait de la baisse de ses activités il y a plus de trois ans, ce qui l'a obligé à recourir fortement à l'emprunt pour faire face à cette baisse. Mais, les endettements contractés n’ont pas été utilisée dans le domaine de la production de nouvelles richesses. Cette dette a été dirigé principalement dans des opérations de spéculation financière afin de satisfaire les actionnaires, car elle s'est orientée notamment vers les rachats d'actions pour accompagner ses détenteurs dans la production de capital de trésorerie au sens de capital fictif. Avec ces opérations, leur valeur en bourse a augmenté, non pas en réalisant une production plus importante ou en découvrant de nouvelles techniques de production, mais grâce à des opérations purement artificielles et parasitaires, et pour cela, ils ont pu facilement trouver les prêts nécessaires.

Quatrièmement, l'endettement des ménages, qui était une source de grande préoccupation pour de nombreux experts et analystes bourgeois, avant la pandémie de Covid19, en particulier aux États-Unis et en Europe. Mais ce problème s'est approfondie et nous voyons aujourd'hui plus de 40 millions de chômeurs aux États-Unis et plus de 35 millions de chômeurs partiels en Europe, il y a plus de 13 millions de chômeurs rien qu'en France sans parler des licenciements et des fermetures d'emplois annoncés dans de nombreuses entreprises.

Cette explosion de l'endettement n'a été possible que grâce aux politiques des banques centrales. Pendant la crise de 2008, afin d'éviter l'effondrement du système financier et de stimuler le décollage économique, les banques centrales ont injecté des fonds massifs presque gratuitement dans le réseau financier. Ces opérations étaient dans le passé de nature temporaire pour contenir les crises financières, mais elles sont devenues il y a dix ans de nature structurelle permanente, avec des faibles résultats au niveau de la restauration de la production de richesse.

Mais le résultat est différent pour les marchés financiers, les spéculateurs et le montant de la production de capital en espèces. Partant du fait que les prêts ont été accordés à titre gratuit, il est devenu facile de justifier n'importe quoi et de quelque manière que ce soit, ainsi des bulles financières et immobilières apparaissent et sous toutes les autres formes possibles, c'est-à-dire l'inflation de la production de capital fictif, qui se termine toujours par une énorme effondrement économie, dont la classe ouvrière est la principale victime.

Ce sont donc les contradictions de l'économie capitaliste mondiale et ses répercussions sur la classe ouvrière à la lumière de la propagation de la pandémie de Covid19, qu'elle a aggravée. Cette situation confirme ce que Marx a déjà évoqué: « À la lumière du développement des forces productives, nous atteignons un stade où les forces productives et les circuits commerciaux deviennent catastrophiques pour les relations de production et d'existence », et où les forces productives se transforment en forces destructrices. Nous avons vu comment on utilise le capital emprunté, au dépend de contribuable, en le transformant en spéculation et capital fictif et comment les banques centrales les utilisent pour fournir des prêts généreux sans sélection.

Quant aux technologies, moyens de production, qui ont pris aujourd'hui des formes d'automatisation, de robotique et de numérisation, si ces moyens constituent d'une part d'énormes progrès techniques, d'autre part, ils se forment, dans le cadre de l'existant des relations de production de classe, en tant que des facteurs destructeurs des forces et des relations de production.

Des unités de production se ferme et les travailleurs licenciés, d'autres unités de production seront délocalisé à l'étranger pour avoir de la main-d'œuvre bon marché et davantage de destructions d'emplois et de restructuration du processus de production au niveau mondial vers plus de fragilité, de réduire la valeur de la main-d'œuvre avec la destruction des services publics, en particulier le secteur de l'éducation et la santé publique et la destruction de la relation entre l'homme et la nature à travers plus de pollution, émissions de gaz toxiques, le réchauffement climatique, la dégradation physique et psychologique de la vie des travailleurs, les menaces à la sécurité des travailleurs, le pillage des richesse et l'utilisation chaotique des ressources naturelles.

 

 

i - History of Humanity – Vol I, Prehistory and the Beginning of Civilization, Publié par l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), Paris et Routledge, Londres.

ii - Frederick Engels, The Origin of the Family, Private Property and the State, Marx/Engels Selected Works, Volume Three, March 1884

iii - Lewis H. Morgan, Ancient Society Ancient or Researches in the Lines of Human Progress from Savagery through Barbarism to Civilization, First published: in 1877, MacMillan & Company, London.

iv - Andre Leroi-Gourhan, Gesture and Speech, An October Book, The MIT Press Cambridge, Massachusetts London, England

v - Ibn Khaldûn, homme d’Etat, juriste et historien, il est né à Tunis en 1332 ; il était le fils d’une famille influente et cultivée. Après une éducation traditionnelle, il étudia à Tunis et Fez de 1347 à 1357. Sa vaste culture et son habileté politiques firent de lui un conseiller écouté dans l’ensemble du monde arabe. Il revêtit aussi plusieurs charges importantes dans diverses cours. De 1374 à 1378, à savoir durant l’unique période de sa vie où il mena une existence très retirée, il écrivit son histoire universelle. L’introduction à cette fresque historique est intitulée Al Mukaddima(Introduction) ; ce fut plus tard son œuvre la plus connue. Depuis 1384, lbn Khaldûn vécut au Caire où il fut juge et enseignant. Il mourut dans cette ville en 1406.

vi - Karl Marx, A Contribution to the Critique of Political Economy, Progress Publishers, Moscow

First Published:1859

vii - Karl Marx, Frederick Engels, Volume 34, Marx 1861-64

viii - Lénine, «Textes pour la révision du programme du Parti», 1917, Œuvres, t. 24, Paris/Moscou 1976, p. 477/478)

ix - Karl Marx, Le Capital, Volume III, chapitres: 13, 14 et 15

x - Marx-Engels Correspondence 1868, Marx to Kugelmann, In Hanover, London, July 11, 1868

xi - Karl Marx, Capital Vol. III Part I, The Conversion of Surplus-Value into Profit and of the Rate of Surplus-Value into the Rate of Profit.

xii - Karl Marx, Capital Vol. III Part I, The Conversion of Surplus-Value into Profit and of the Rate of Surplus-Value into the Rate of Profit, Chapter 5. Economy in the Employment of Constant Capital

xiii - Karl Marx, Capital Vol. III, Part III. The Law of the Tendency of the Rate of Profit to Fall, Chapter 13. The Law As Such

xiv - Voir, l'étude de Michael Roberts, Sur la longue récession, pages 274-275, ainsi que de l'étude suivante du l’argentin Esteban Maito:

https://thenextrecession.files.wordpress.com/2014/04/maito-esteban-the-historical-transience-of-capital-the-downward-tren-in-the-rate-of-profit-since-xix-century.pdf

xv - Mylène Gaulard, «Les limites de la croissance chinoise», Revue Tiers Monde, n°200, janvier 2009

 

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