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Maroc : Parmi les prisonniers politiques des émeutes du RIF

MMLPL/Maroc, Abou Tarik, 26 août 2019

 

L’information :

Six détenus politiques rifains ont annoncé l’abandon de la nationalité de l'État marocain et sa déchéance ainsi que l’abondon de l’allégeance envers la monarchie marocaine. Les détenus en question sont les leaders du mouvement rifain, prisoniers politique depuis Mai 2017, ils sont condamné de 20 ans de prison chacun, à savoir Mohamed AL HAKI, Nabil AHAMJIK, Nasser ZEFZAFI, Samir IGHID, Wassim BOUSTATI et Zakaria ADEHCHOUR. L’ensemble des détenus politiques du Harak du Rif dépasse les 500 prisonniers

Abou Tarik / MMLPL

Communiqué des détenus ci-dessus :

 

COMMUNIQUE

Les détenus politiques rifains réclament, officiellement, la déchéance de leur nationalité marocaine

Nous, SOUSSIGNES, les détenus politiques du mouvement populaire dans le RIF, dans les prisons de l'État marocain, et objets de décisions judiciaires en représailles des opinons et des positions politiques que nous avons exprimées et qu'a exprimé publiquement et massivement le mouvement populaire dans le RIF, critiquant le climat, le paysage et la structure politique mekhzienne marocaine. Apres le silence que nous avons observé depuis le premier jour de notre arrestation, dans l’espoir que les décideurs politiques fassent une autocritique et rectifient le sens qu'ils ont choisi officiellement pour traiter avec le mouvement populaire et à ses détenus, lequel choix est basé sur le règne de la raison sécuritaire, fondée sur la répression physique et psychologique, le blocus, les restrictions, les arrestations et la détention politiques. Après avoir observé les circonstances de notre jugement en première instance, durant laquelle nous avons été convaincus que l’État instrumentalise le système judiciaire comme une annexe à l'institution sécuritaire et un prolongement de ses plans et ses stratégies, ce qui nous a conduit à boycotter intégralement la phase d’appel afin de ne pas participer à cette farce, qui vise à assujettir le pouvoir judiciaire à la raison sécuritaire de l'État, qu'il a fait régner à l'encontre de notre RIF, son mouvement populaire , et par la suite, à l'encontre de ses prisonniers politiques. Cette approche s'inscrivait dans la continuité d’une politique de fuite en avant, menée via l’approche sécuritaire, tout en faisant prévaloir comme une option stratégique unique pour l'État marocain au lieu de faire valoir la raison, la prudence , admettre l’échec des politiques publiques , commencer à rectifier les erreurs en écoutant d’abord la voix de nos masses populaires et leurs revendications légitimes exprimées dans les chartes revendicatives dans le RIF, et en lançant une transition effective basée sur la corrélation entre responsabilité et reddition des comptes, la présentation des excuses publiques au RIF et aux rifains. Au lieu de cela, l’Etat marocain a favorisé le renforcement de la logique de la force et de la repression, en diabolisant notre mouvement et en exploitant les médias publics pour duper l’opinion publique, et faire passer les mensonges et les contre-vérités au sujet de la ligne directrice du mouvement, ses objectifs et son discours, puis d'instrumentaliser les mosquées, mobiliser la religion à des fins politiques dans le but d'inciter contre notre mouvement, au lieu de recourir au dialogue que nous avons réclamé dès le début du mouvement, la fabrication d'événements afin de piéger le mouvement populaire pacifique et la tentative de lui faire endosser un caractère violent. Ce fut le cas le 26 mars 2017, à IMZOUREN,et le 5 mai 2017 à BOUKIDARN. La situation a atteint un niveau sans précédent au point de vouloir attenter à la vie humaine (Nador), diffamer les militants du mouvement et attenter à l'honneur des militants, dans le but de les discréditer auprès de l'opinion publique.

Ce feuilleton d'entêtement et d’indifférence a continué à mobiliser l'appareil exécutif contre le peuple et ses aspirations, par la publication d'une déclaration des partis de la majorité gouvernementale, accusant les rifains de séparatisme, ce qui est une violation flagrante du rôle du gouvernement en tant qu'institution et de ses fonctions, et sa conversion d'une instance exécutive vers un dispositif qui approuve l'option sécuritaire de l'État marocain, il s'en est suivi des accusations, par le parquet, à notre égard, d'être génétiquement contestataires, après notre arrestation par les autorités marocaines, cela confirme clairement l’absence de toute apparence du slogan de l’Etat des institutions, qui est brandi officiellement et formellement. Cela s’ajoute à la violence à l'encontre de la population du RIF , non armée, au recours à la force et à la répression, à la détention de mineurs et de femmes, et à la poursuite judiciaire des milliers de personnes en raison des opinions exprimées, qui ont été considérées comme un acte d’accusation, violant ainsi les dispositions des conventions et traités internationaux signés par l’État marocain. Pire, il y a eu une violation du droit à la vie, lequel droit est stipulé dans la Charte universelle des droits de l'homme, par l'assassinat du martyr MOHCINE FIKRI , D'IMAD AL ATTABI et ABDELHAFID AL HADDAD et le classement de leurs affaires à l'instar de celles des martyrs du 20 février 2011, à Al Hoceima.

La méthode de domestication forcée, par les autorités marocaines, à notre encontre , par le falsification des procès-verbaux, en passant par la torture physique et psychologique, dans une logique punitive, et qui a été consignée dans le dernier rapport du Conseil national des droits de l'homme, qui a été classé par les autorités, qui ont tout fait pour empêcher sa publication, en tant que preuve publique de la torture pratiquée pour couvrir ses crimes politiques.

Devant l'instrumentalisation du pouvoir judiciaire et son contrôle, afin de nous condamner en faisant disparaitre tout élément de preuve établissant notre innocence totale. bafouant le principe de neutralité et de présomption d'innocence par l'adoption, intégralement, du récit policier et sécuritaire,

Devant les restrictions imposées à notre encontre au sein des prisons marocaines, en nous dispersant et en nous provoquant sous toutes les formes possibles, rabaissant la dignité humaine,

Devant les restrictions imposées à l'encontre de nos familles et nos proches, en les intimidant psychologiquement, en les pourchassant policièrement, et en les empêchant d'exercer leur droit constitutionnel à l'organisation et à l'action civile, stipulé par la loi sur les libertés publiques, en leur interdisant d'exercer dans un cadre civil pour suivre notre dossier et notre cause,

Face à la persistance du siège sécuritaire du RIF, en application du dahir de la militarisation. persuadés que l'Etat marocain est déterminé à maintenir sa structure autoritaire et traditionnelle ,à maintenir la sourde oreille à toutes les voix et les aspirations de couper avec cette structure et d'opérer une transition vers un état moderne et civil,

Devant l'absence d'un contrat social réel qui institue le caractère sacré de la loi et la consécration la primauté des droits et devoirs entre le peuple et le gouvernant au nom duquel les jugements injustes ont été rendus à notre encontre,

Devant la liquidation de l'ensemble de nos droits en tant que citoyens à part entière , la privation de notre liberté, le déni et le retrait de la citoyenneté systématiquement et avec force,

Devant notre traitement en tant que séquestrés et non en tant que citoyens, nous informons l'opinion publique nationale et internationale ce qui suit :

· PRIMO, nous affirmons notre détermination, en plein possession de nos capacités mentale, physique, à abandonner la nationalité de l'État marocain et sa déchéance, ainsi qu’à rompre le lien d'allégeance, à partir de la date de parution de ce communiqué.

· DEUXIO, nous tenons l'État marocain pleinement responsable de tout préjudice qui pourrait nous affecter mentalement et physiquement et ce, à compter de cette date.

· TERTIO, nous chargeons la communauté internationale, ses instances et ses institutions, de la responsabilité du suivi de notre dossier à partir de la date de parution de ce document.

Nous soulignons que ce que nous exprimons dans ce communiqué est une conviction ferme et une conséquence inévitable du suivi de la tournure de notre cause et notre situation, situé dans le prolongement des relations de l'État marocain avec le RIF, historiquement, qui sont basées sur l'exclusion, la répression, le mépris, et toutes les formes de persécution politique, culturelle, sociale, économique et psychologique. Ce qu'a décrit MOHAMED SELLAM AMEZIANEn demeure la description la plus précise de la situation " Nous et eux, sommes de deux côtés opposés”. Nous avons désiré la vie et ils nous voulut l'obscurité. Nous avons voulu une PATRIE pour tout le monde, ils l'ont voulu comme une propriété dont ils ont le monopole, bradant son peuple et pillant ses ressources. Nous pleurons la patrie, nous lui avons sacrifié la fleur de notre âge et nous lui donnerons notre vie, cependant, nous ne serons jamais prêts à cautionner un État qui veut enterrer un peuple, une patrie et un rêve d'une dignité et d'une liberté.

SIGNATAIRES :

1. Mohamed AL HAKI

2. Nabil AHAMJIK

3. Nasser ZEFZAFI

4. Samir IGHID

5. Wassim BOUSTATI

6. Zakaria ADEHCHOUR

 

La prison de Ras El Ma -Fès

Le 23 août 2019

Les photos des signataires :

 

 

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